Concerto en très majeur

Passons maintenant aux concerts... Après celui de The Musical Box le 25 mars dernier, on pourra ajouter à ma liste le formidable concert gratuit donné le 6 avril par Taï Phong à Vincennes. Ils en ont depuis redonné deux autres au même endroit, les 7 avril et 1er juin, mais je n'y suis pas allé. Alors tout ça c'était dans un joli petit bar-lounge, j'étais assis au bar à environ deux mètres des instruments... Sur "Fields of Gold", le guitariste invité Michaël Zurita s'est complètement lâché sur la deuxième partie du morceau (le solo de guitare, donc) avec sa guitare posée sur le comptoir, juste à côté de moi. Spectateur privilégié de cet instant magique (oui, c'est bien moi sur la droite), j'aurais pu mourir sur place, mais bon, qui serait resté pour vous pourrir la vie, hein ?

Du Taï Phong d'origine, il ne reste désormais plus qu'un seul membre, le co-fondateur Khanh Mai, qui a l'air timide en public et reste très accessible. J'ai eu l'occasion de prendre un pot avec l'auteur d'un livre sur le groupe (il s'agit en fait d'une version longue de la déjà bien copieuse biographie du site officiel), et il m'a appris que Taï Phong cherchait à enregistrer un sixième album mais qu'ils jouaient de malchance depuis quelques années, notamment au niveau des labels et des producteurs. Cette nouvelle formation, rajeunie et qui parie sur une chorale féminine pour changer de style, varie entre le sirupeux et le virtuose de folaïïï. Est-ce que le côté commercial ajouté par dessus suffira à conjurer le sort ? En tout cas moi je veux bien jouer les producteurs hein... Ludovic si tu me lis... C'est toujours valable ! ;) (Et merci pour la photo de Michaël et moi !)

Puis le giga-concert de Roger Waters (ex-Pink Floyd) le 3 mai à Bercy... Un concert à gros budget, avec des effets pyrotechniques, de belles images qui défilent sur grand écran (voir la photo), des cochons volants, une pléthore de chansons marquantes, et un profond ennui les trois quarts du temps pour moi. L'effet "Archive au Zénith" : un concert que l'on sait formidable, mais qui ne nous émeut pas, parce qu'on n'est pas in the mood. Du coup, l'impression d'être passé à côté de quelque chose de formidable. Je ne sais pas, je ne suis peut-être pas fait pour les concerts dans des grandes salles ?

Mon prochain concert sera donc dans une petite salle, ou ne sera pas... En tout cas, j'ai déjà acheté mon ticket pour la "journée diversité" de l'Art Rock Festival de Versailles le 7 juillet prochain. Pas pour les prestations de C.A.P ou de Nemo, mais avant tout, bien entendu, pour celle de l'incroyable, du formidable, de l'extraordinaire Arthur Brown. Et tout ça dans une petite salle !
 

De Genesis à ma Révélation

Dimanche dernier, 20h... L'heure du passé décomposé. Après des mois d'attente, je vais enfin assister au concert de The Musical Box, qui consiste en une copie parfaite, jusqu'au moindre détail, des spectacles de Genesis donnés après la sortie de l'album Selling England by the pound. Auréolés d'une critique élogieuse, les Québécois de TMB m'avaient déjà conquis avant l'heure. Il faut dire que j'avais pu visionner leur spectacle sur le web... Et que ça m'avait convaincu à investir 80 euros dans une place au premier rang.



En route donc dans ma Naomobile (alias le pot de yaourt) vers les lointains horizons des années 70... La soirée commençait déjà bien. Après quelques embouteillages énervants, je trouve immédiatement une place pour me garer à Madeleine, et j'arrive à l'Olympia quelques minutes avant le début de la première partie.

À peine installé sur mon siège, que je découvre le groupe italien The Watch, qui fait de la musique originale complètement inspirée du style Genesis de l'époque Peter Gabriel. Celle qui intéresse tous ceux présents dans la salle, donc... Le public est vite emballé, cette petite demi-heure nous a mis l'eau à la bouche. Seul bémol pour moi, j'étais installé juste derrière un caisson de basse, et le son était vraiment assourdissant. Mais j'étais à peine à deux mètres du chanteur ! Une claque...

Entracte. La classe, les carré or ont droit à une consommation light gratuite. Je fais donc la queue pour mon coca (bigre, ils sont nombreux finalement, les carré or), et me prépare psychologiquement pour la suite, tandis que dans la salle on entend en bruit de fond la première partie d'un Tubular Bells du meilleur goût... Me voici rentré... Le caisson de basse à disparu, les instruments sont maintenant placés au fond de la scène, mes oreilles en sortiront reconnaissantes. Et c'est parti pour deux heures de bonheur... Tout y était. Reproduction conforme des concerts français de Genesis, on a donc un Québécois, francophone donc, qui chante avec un parfait accent anglais, et fait ses narrations dans un français surréaliste, comme celui de Peter, le ponctuant parfois par des mots d'esprit en anglais... Copier-coller ? Non, respect absolu du génie de l'ange Gabriel. De quoi relancer le débat des tribute bands : reproduire en concert les spectacles les plus réussis du passé, c'est leur rendre hommage comme on rend hommage aux compositeurs classiques en reprenant fidèlement leurs opéras.

Deux heures de spectacle, donc. Silence total pour moi. Je connais ces musiques sur le bout des doigts, et ces derniers ne peuvent s'empêcher de suivre en rythme le long de mon corps. Je n'ai jamais été en transe aussi longtemps. Mais il faut garder tous ses sens éveillés, pour ne pas en rater une miette, parce qu'on le sait bien : ce genre de moment-là, on ne le vit pas tous les jours... Je crois que c'était un peu pareil pour tout le monde. Le public, jeunes comme seniors, était acquis d'avance à la cause de TMB, mais ces derniers ont tout fait pour qu'on ne sorte pas de là déçus. Et le grand jeu, ça vous marque. Genesis ? J'ai commencé par être totalement indifférent à leur musique... Mais après ça, comment ne pas leur garder une place spéciale au fond du coeur, et reconnaître enfin que leur succès à l'époque n'était pas volé ? Car au-delà de ces superbes musiques (TMB, Supper's Ready, Fifth of Firth, etc.), au-delà de l'interprétation démentielle des cinq membres du groupe (TMB ou Genesis, même combat : virtuoses ou rien !), le plus marquant c'est forcément l'âme qui ressort des spectacles, les diapos hypnotiques, les flammes de l'apocalypse, le ton monotone de la narration, la jubilation théâtrale de Peter Gabriel et ses costumes complètement barrés...

Je suis arrivé seul et je suis reparti seul, dans le froid de la nuit, mais la tête pleine de la chaleur partagée par ce groupe incroyable... Je ne sais pas qui de TMB ou de Genesis je dois le plus remercier, mais une chose est sûre, la musique en est sortie grandie, et j'ai eu moi aussi, l'espace de deux heures, ce dont mon jeune âge m'avait injustement privé : le summum du rock progressif des années 70 en concert. From Genesis to Revelation...
 

Si vous avez regardé les Victoires de la Musique...

...Ben moi pas.

En même temps, c'est normal, au même moment nous étions à Bercy en train d'assister, enchantés, au concert de Michel Polnareff. Et donc, là, forcément, la petite surprise à la fin : duplex avec Nagui et Drucker, remise d'une Victoire d'honneur pour Polnareff, et Michel a gratifié le public (et la télévision) d'une seconde tournée de "Love Me", en version acoustique (juste le piano et le chant) cette fois. J'avais déjà vu ce genre de duplex à la fin d'un concert à la télévision, mais c'est bien la première fois que je suis dans le public au même moment !

J'étais presque réticent à aller voir Polnareff en concert au départ, mais je n'ai pas été déçu, loin de là. Il a duré près de 2h15, je n'ai pas senti le temps passer, et j'ai pu entendre toutes mes chansons préférées dans la playlist : Le Bal des Laze, Holidays, Lettre à France, On ira tous au Paradis, Goodbye Marylou... Que du bonheur. Et pas mal d'autres chansons vraiment réussies que je ne connaissais pas à la base (Âme caline, Tam Tam). Seul défaut peut-être : l'interprétation du Bal des Laze, chanson que je vénère au plus haut point, était complètement différente, et franchement ratée, Michel chantant de façon très saccadée au lieu du rythme langoureux de la version studio. Mais c'est le seul couac de la soirée. Le reste était parfait.

Les musiciens sont vraiment doués (jolis soli de batterie puis de tambours, guitare électrique très maîtrisée), les choristes black fort jolies et souriantes, on sent que le spectacle a été peaufiné dans ses moindres détails. Après une absence sur les scènes françaises de 34 ans (!), j'imagine que beaucoup de fans de la première heure ont dû être bouleversés par le show. Pour ma part, je n'ai vraiment découvert Polnareff qu'il y a deux ans, intérêt qui a été encore exacerbé après avoir vu le superbe Podium (où j'ai entendu Holidays pour la première fois !).

Dans le rayon anecdote, j'étais dans la fosse, à côté du carré VIP, où j'ai pu apercevoir Henri Leconte, Amélie Mauresmo, Mireille Mathieu, Pierre Sled, Michel Boujenah et Michèle Laroque... Il paraît qu'il y avait aussi Calogero, Annie Girardot, la belle Clothilde Coureau, et même Sophie Marceau (?!), mais je ne les ai pas vus.

Bon, mes résumés de concert sont toujours d'une platitude déconcertante. Promis, j'essaierai de m'acheter un sens de l'humour pour celui de The Musical Box. J-14 !
 

Chez Nao, on se cultive en musique.

La magie du split de topic me permet de créer à retardement ce petit billet dont le seul et unique but est de vous inciter à écouter la radio de Naologismes. Désormais, elle est accessible sur toutes les pages du blog, et vous pouvez même cliquer sur le lien "Lancer une fenêtre à part" (juste en dessous du lecteur) pour ne pas avoir de coupure dans la musique si vous changez de page. En plus, vous aurez les titres des morceaux en entier. Comme d'habitude, sauf sur la page "Prog" qui catégorise les musiques par genre, le lecteur mp3 propose les morceaux dans l'ordre inversement chronologique de leur ajout. Les derniers en ligne sont donc les premiers sur la liste.

Et maintenant, joue avec Nao ! Sauras-tu réciter la valeur de Pi jusqu'à la quinzième décimale ? Non ? Un gage !! Alors comme je suis sympa je te donne le choix... Soit tu écoutes à ton rythme l'intégrale (il y en a pour près de 15 heures de musique !), soit tu manges une grenouille vivante. Toi aussi, fais comme tinou et fais le bon choix ! (Et accessoirement évite de t'étrangler.)

(J'ai un peu honte de le dire, mais je connais Pi jusqu'à la quinzième décimale... Et en plus, j'écoute tout le temps ma playlist. Quel benêt vraiment.)
(3.141592653589793... Sic.)
 

En français dans le prog

NB : le site Foxprog reprend une partie du texte écrit pour cet article dans les pages individuelles des artistes concernés.

La France n'est pas en reste dans la grande galaxie du rock progressif. Si nous connaissons surtout le groupe Ange, je dois avouer qu'ils ne m'ont jamais particulièrement touché. C'est sans doute pour cette raison que je suis aussi obsédé par l'idée de découvrir des pépites méconnues réalisées en France ou chez nos autres amis francophones en Belgique ou au Québec. Et il y a de quoi faire ! Vous retrouverez cet article ainsi que les extraits audio qui y sont mentionnés entre autres sur les pages Canada et France de mon site prog.

- En 1967 déjà, Serge Gainsbourg réalisait la musique du téléfilm Anna, avec Jean-Claude Brialy et Anna Karina. C'est là qu'on entend par exemple pour la première fois son fameux Sous le soleil exactement ou encore Roller Girl. J'aime particulièrement la fin douce-amère du téléfilm, avec son instrumentation typique de l'époque : c'est du proto-prog, façon All you need is love des Beatles, de la belle mélodie et tout ce qu'il faut de pompeux pour que la plupart des gens trouvent ça sans intérêt. Donc c'est indispensable, ne serait-ce que pour entendre Brialy nous prouver qu'il n'est pas fait pour la chanson. Par contre, comme acteur, rien à redire. Le morceau s'appelle Je n'avais qu'un seul mot à lui dire et on va le crier tous ensemble : on t'aime ! Et ne vous fiez pas à ses vingt premières secondes, c'est l'arbre qui cache la forêt qui suit...

- Il y a quelques mois, j'ai découvert avec stupeur et délectation que Susumu Hirasawa, artiste contemporain que j'aime beaucoup, avait fait du formidable rock progressif dans les années 70 (voir la section Japon). Cette fois-ci, c'est au tour de Jean-Jacques Goldman de me surprendre. J'avais vaguement entendu parler du groupe qui l'avait vu faire ses débuts, Taï Phong (fondé par deux frères vietnamiens), mais sans savoir que c'était un groupe de rock progressif ! Renseignement pris, non seulement c'est du prog, mais il est de grande qualité ! Pour preuve, cet extrait de leur premier album : Fields of Gold, qui fait la part belle aux synthés. Oui, c'est chanté en anglais (par Goldman !), mais cette page est consacrée aux groupes de la zone francophone, ils chantent dans la langue qu'ils veulent. Décidément, 1975 est une année bien sous-estimée du rock progressif !

- Pour preuve, nous passons de l'autre côté de l'Atlantique pour cette même année 1975, l'une des plus belles qui soient pour la musique québécoise. Coup sur coup, trois groupes nous sortent leur chef-d'oeuvre absolu. Ce sera Si on avait besoin d'une cinquième saison pour Harmonium, Les Porches pour Maneige et Procréation pour Morse Code qui, comme leur nom ne l'indique pas, chantent eux aussi en français. Un choix qui a fermé à tous ces groupes la porte du succès dans les pays anglophones, mais qu'importe. Ce qui comptait pour eux, c'était la musique avant tout.

- Harmonium... Un groupe québécois de folk progressif qui n'a sorti que trois albums, mais qui est entré dans la légende au Canada, en particulier son chanteur-compositeur, Serge Fiori. Leur oeuvre est tout simplement... magnifique. D'une beauté indescriptible. A tel point que je leur ai consacré une des premières fiches artistes sur le site, histoire de pouvoir y reproduire quelques extraits des paroles de leurs chansons.

Je n'ai pas pour habitude de m'avouer vaincu quand il s'agit de décrire le bonheur qu'une musique peut me faire ressentir, mais je m'incline avec plaisir devant la qualité du dossier Harmonium du fanzine Big Bang, qui a trouvé les mots qui font mouche. Consultez la page 2 pour la critique de l'album Cinquième saison, et la page 5 pour Harmonium en tournée. Mes propres critiques de leurs deux meilleurs albums étant assez longues, je ne les reproduirai pas ici et vous encourage à vous rendre à la page que j'ai consacrée au groupe.

- Maneige est le plus jazzy de tous ces groupes. J'ai écouté tous leurs albums, et si je les trouve de qualité, j'ai un peu de mal à les mettre en bruit de fond pour mes tâches quotidiennes. Mais l'un d'eux se démarque profondément des autres. Les Porches renferme deux morceaux principaux d'un vingtaine de minutes, suivis chacun d'un morceau plus court. Le second, au délicieux titre de Les aventures de Saxinette et Clarophone, met en valeur les deux instruments précités, saxophone et clarinette. Quant au premier, Les Porches de Notre-Dame, il nous réserve un magnifique spectacle de folk-prog dans sa première partie, pour enchaîner miraculeusement sur de la chanson française digne des meilleurs moments de Charles Aznavour. Vous savez ce qu'il vous reste à faire...[1]

- L'album Procréation de Morse Code est définitivement curieux. De la chanson mi-comique mi-engagée, des mélodies parfois un peu simplistes mais jamais vraiment désagréables... Et puis tout d'un coup, paf, ce morceau-fleuve de 25mn cumulant chanson, mellotron, orgue, guitare, flûte et synthé dans un mélange indescriptible mais toujours bien délimité. Ce n'est ni un foutoir ni une simple énumération de solos. Et évidemment, c'est introuvable en CD. C'est d'ailleurs pour ça que je vous ai mis le morceau intégral en "extrait". Bonne écoute.

- Passons à l'année 1976, où nous découvrons un groupe québécois de virtuoses du clavier, Pollen. Je ne les connais pas très bien, et ils n'ont sorti qu'un seul album, éponyme, qui ne m'a pas profondément touché (peut-être parce qu'ils ne savent pas s'ils veulent faire du Gentle Giant, du ELP ou du Harmonium), mais le charme de la voix du chanteur fut suffisant pour justifier l'inclusion d'un extrait audio dans ces pages.

- Retour en France... Après un album sympathique mais pas inoubliable (Pollen, 1975, un rapport avec les précités vous croyez ?), Pulsar, groupe d'origine lyonnaise, va marquer dans la deuxième moitié des années 70 la scène prog par deux chefs-d'oeuvre d'une maîtrise confondante, Strands of the future (1976) puis Halloween (1977). Je vous propose en extrait la première piste de chacun des deux albums. Flight est aussi court qu'intense. Quant à Halloween, Part 1, il fait partie de ces suites musicales extrêmement ambitieuses, qui distillent une ambiance très sombre pour mieux faire ressortir la luminosité d'un passage somptueux, que vous pourrez retrouver en l'occurence au bout d'une dizaine de minutes. Ce morceau nécessite au moins trois ou quatre écoutes pour l'apprécier pleinement, mais l'investissement en vaut la peine. Evidemment, le reste de ces deux albums est tout aussi formidable. Malheureusement, ils sont arrivés sur la fin de l'ère du prog, et n'ont pas pu s'imposer au niveau des ventes. Ils reviendront avec deux albums supplémentaires qui ne sont pas inintéressants mais ont malheureusement considérablement atténué l'ambition de leur musique...

- Dans le même ordre idée : mais pourquoi est-ce qu'on n'a jamais entendu parler de Troisième Rive ici-bas ?! Ils sont bien français pourtant... Et font de la musique fantastique ! Vraiment, il y a là de quoi s'offusquer. Ecoutez-moi les trois extraits de leur unique album, Banlieues, sorti en 1978. Guitare, accordéon, piano, clavecin... Ca sent bon la France qui chante et ces gars-là n'hésitaient pas à faire des morceaux indéniablement progressifs de dix minutes de pure jouissance (Légende : c'était en ce temps-là, c'était hier encore et c'est maintenant). Banlieues, ç'a été mon disque de chevet pendant des semaines et ce n'est pas près de s'arrêter ! Par la suite, le chanteur Boris Mégot a fait une carrière solo qui m'attire moins (il se porte plus sur les textes que sur les mélodies), mais dont le premier album avait le même line-up que pour Troisième Rive. Evidemment, il est introuvable, lui aussi... J'ai mis en ligne trois extraits de TR pour deux raisons. D'abord parce que Boris Mégot a déclaré sur son site que l'album, qui ne sera pas réédité en CD, peut être librement diffusé sous le manteau. J'ai un très joli caban que j'aime beaucoup porter. Et ensuite parce que nous aurions tort de nous priver de quelques minutes de bonheur supplémentaires.

- Du côté de la Belgique, le groupe le plus emblématique de la scène prog est probablement Univers Zéro. Mais bon, les goûts et les couleurs étant ce qu'ils sont, je n'ai pas accroché à leur musique à ce jour. Il faut dire qu'ils font partie du mouvement RIO (Rock In Opposition), beaucoup plus underground que le prog lui-même. En dehors d'UZ, deux groupes marquent les esprits. Alors chez Flyte, non contents d'être flamands, ils chantent en néerlandais, c'est pas bien, comment vous voulez que je vous place dans la section Francophonie dans ces conditions ? Bon, on va partir du principe qu'ils ont quand même appris le français à l'école et puis c'est tout. Leur musique, en tout cas, parle à toutes les oreilles avec une langue unique, celle de l'amour du rock bien fait. Je dois avouer une énorme faiblesse pour l'intro du premier morceau, Woman, qui m'a poussé à le placer en extrait audio. Tout l'album vaut le détour. Dommage que leur maîtrise et leur dynamisme ne les ait pas poussés à faire un second album. Dawn dancer (1979) restera donc un essai unique.

- Et mon petit préféré d'outre-Quiévrain, c'est bien entendu Machiavel. Ceux-là sont encore en activité aujourd'hui mais seuls leurs albums des années 70 sont vraiment à considérer comme prog. Incontestablement, les meilleurs sont les deux premiers, Machiavel (1976) et Jester (1977). Pour ne rien arranger, Machiavel chante en anglais, mais à ce stade ça n'est plus un problème, eh eh. Vous trouverez dans les extraits audio une piste du second album, Moments. C'est l'une des plus courtes (et des plus calmes), mais elle montre bien la qualité de leurs compositions. Ils sont aussi à l'aise dans le format court que dans les longues envolées jazz-fusion de près de dix minutes, aussi doués à la guitare que dans leurs tentatives d'utiliser des instruments plus rares dans le prog, comme la clarinette. Et un peu d'originalité, ça fait toujours du bien !
 1. L'album a été réédité en CD au Québec depuis la rédaction de cet article. Youpi.
 

Le prog freeware

C'est nouveau ça vient de sortir (enfin pas tant que ça), c'est les petits groupes de prog qui n'ont jamais publié d'album (ou jamais dépassé les frontières de leur pays) et qui distribuent gratuitement leurs oeuvres sur le Net. On dit poliment merci et on écoute...

Pour commencer, trouvé sur l'excellent blog Garden of Delights (un peu similaire à ProgNotFrog dans sa fonction, il se concentre au départ sur des albums de folk-prog qui valent vraiment le déplacement), l'album X Tapes de Virgin's Dream, daté 1971. 300 copies tirées, une rareté donc, et c'est de l'excellent krautrock. A écouter au moins une fois !

Et quand vous en aurez terminé, lancez-vous dans l'écoute des trois albums téléchargeables du groupe américain Northwind (à ne pas confondre avec d'autres groupes homonymes qui ont vu le jour plus tard). Ne vous laissez pas rebuter par leur site tout pourri ; désactivez le fond d'écran, sur Opera c'est dans View > Style > User mode. Ceux-là faisaient de la musique dans leur cave et n'ont jamais enregistré que des démos... Leur album de '77 est vraiment soigné, sur un ton jazzy porté par un chant pop clair et mélodieux qui ne se prend pas toujours au sérieux. Ecoutez notamment Where to Now? et ses passages parlés. Et je suis sûr que Nobuo Uematsu a repompé son thème de Final Fantasy sur la fin du morceau, le saligaud. Mais ma préférence va définitivement aux deux albums précédents, datés de '72 et '74, et qui correspondent vraiment à mes goûts du moment.

C'est du bon vieux prog dans la droite lignée des groupes les plus populaires de l'époque, mais toujours avec un petit "plus" dans leur son, et un constant plaisir d'écoute. J'ai du mal à croire qu'ils n'aient jamais réussi à signer chez une maison de disques avec de telles pépites ! Leur manager devait vraiment être un incompétent notoire... Quand je pense que le groupe n'est même pas répertorié sur ProgArchives.com ou AmarokProg ! Il y a de l'injustice dans l'air. Du coup, je me sens un peu comme un pionnier, et ça, ça n'a pas de prix. Ou presque. Ce billet est shareware, si vous continuez à le lire après 30 jours, envoyez-moi un chèque de 20€ à l'ordre de René-Gilles Deberdt merci.
 

Un concert, y'avait longtemps tiens...

Comme prévu, je suis allé hier soir avec Milady au concert que donnait Archive au Zénith de Paris. De son côté, Damien est allé avoir Kokia, que j'aime bien aussi. Oui mais voilà, n'ayant pas encore le don d'ubiquité, j'ai préféré choisir un artiste un tant soit peu prog, quand même. Oui oui, Archive EST progressif, le compositeur lui-même l'affirme.

Bon, c'est la première fois que je fais un compte-rendu de concert, et comme je l'ai presque vu avec des oeillères, vous ne m'en voudrez pas si je ne trouve pas les bons moments. J'y ai entendu près de deux heures de musique, une playlist d'environ 17 chansons (à une ou deux près, je n'ai pas noté précisément), et trois rappels, réalisés de façon un peu trop prévisibles : d'abord 3 chansons, puis 2, puis une dernière pour la route. Un mélange de chansons de tous leurs albums studio : Londinium (1996, pas de tube) qui est très trip-hop, Take my head (1999, tube "You make me feel") qui est plus pop-rock, You all look the same to me (2002, tube "Again") qui est un de mes préférés avec ses deux chansons de pur prog (17 et 19 minutes respectivement, si je me souviens bien !), Noise (2004, tube "Fuck you") qui a eu pas mal de succès en France, et Lights (2006, pas vraiment de tube), le dernier, que j'aime moins, à part l'exceptionnel morceau-titre qui dure 18 minutes et qui a été repris intégralement au début du concert.

Le cadre : une salle assez immense, à la louche 6000 personnes présentes (c'était plein, quoi), dont au moins un tiers dans la fosse centrale bondée, une sono mortelle (mes oreilles en ont pris pour le compte pour le reste de la soirée...), nous sommes arrivés avant le début du concert d'Archive mais après la première partie. Pendant facilement trois quarts-d'heure, la scène est restée désespérément dans le noir, pendant que des enregistrements d'Archive passaient en bruit de fond. Au moment où a commencé à passer le thème principal de Michel Vaillant (le film est très certainement à mourir de rire, mais c'est une BO exceptionnelle, mon album préféré d'Archive tout simplement), je me suis dit que ça voudrait certainement dire qu'ils ne joueraient pas en live cet album, trop instrumental. Je ne me suis pas trompé (enfin, je ne connais pas les playlists par coeur, ne me croyez pas sur parole), et ça a probablement joué sur mon impression finale. Toujours est-il qu'ils ont fini par arriver sur scène. Avec en vedette les compositeurs et âmes du groupe, Darius Keeler (le clavier un peu gras du bide et qui porte toujours une casquette) et Danny Griffiths. Tellement dans son trip, Keeler, qu'il finit par baiser son synthé par un ample va-et-vient au rythme binaire indécent qui a ponctué la plupart de ses interprétations.

On avait au total 6 musiciens sur scène, ainsi que jusqu'à un maximum de 3 chanteurs en même temps. Ca en fait du monde sur scène... Un peu plus et je me serais cru à un concert de Goran Bregovic. En dehors de la chanteuse (Maria Q) que j'ai trouvée un peu anecdotique, nous avions Dave Penney, petit gars bien rasé et bien habillé. Il était plutôt drôle à danser comme Elvis Presley, et à jouer de l'harmonica (mais en était-ce vraiment ?) sur Again. Le second, plus grunge et les cheveux hirsutes, est arrivé plus tard, c'est Pollard Berrier, celui qui a signé le même Lights dans le concert sauvage à la Foire du Trône présenté sur l'album. C'est sans doute celui qui a la voix la plus fougueuse et la plus engagée, en l'absence définitive du Craig Walker qui avait tenu le micro sur les deux précédents albums studio. Au final, personne ne s'est véritablement démarqué en dehors de Keeler et des deux chanteurs masculins, mais ça ne m'a pas vraiment dérangé puisque je les voyais à peine, placé à une cinquantaine de mètres, au fond de la salle, debout parmi tant d'autres. C'est le problème quand on arrive aussi tard pour le concert...

Ne tournons pas autour du pot, je voulais surtout dire à quel point la première demi-heure fut formidable, un véritable trip pour moi, qui sentais mon corps réagir en rythme à la moindre note familière des morceaux studio, et frémir de plaisir dès qu'elles s'éloignaient de leurs origines. Mais voilà, le temps passant, je me suis senti assailli par les problèmes : une Japonaise derrière moi qui passait son temps à me demander de rester immobile "sinon je ne peux pas voir le chanteur", la chaleur, la fumée de cigarette (sans compter le fumeur de joints juste devant moi), les guitaristes trop bruyantes par moments (jusqu'à cacher la voix des chanteurs), et quelque part, la trop grande tendance à coller à la note près aux albums. Alors, sur l'interview mentionnée ci-dessus, Keeler indique bien qu'il considère sa musique comme mathématique (justement !) et qu'elle ne souffre pas trop de la moindre déformation. Je suis d'accord. Mais pour entendre l'album, je peux mettre le CD à fond dans mon casque, chez moi. C'est pareil. Je viens en live pour avoir des variations, pas pour demander un autographe des musiciens à la sortie (ce que je n'ai jamais fait, d'ailleurs). De plus, les albums d'Archive sont tous assez conceptuels. Les trois premiers sont tous très différents l'un de l'autre. Il y a ensuite eu une période d'un an où trois albums au son similaire sont sortis quasiment en même temps (Noise, Michel Vaillant et Unplugged), et enfin le dernier album qui mélange un peu les genres mais m'a un peu déçu sur la longueur. Chacun de ces albums s'écoute plus ou moins en entier, en une session planante et unique. En concert, je n'avais pas réalisé que ce serait comme écouter un best-of d'Archive. On passe d'une chanson plutôt hard à une chanson soft de Londinium, pour revenir à une autre hard... Mon problème c'est que je n'aime pas toutes ces variations de style en deux heures de temps. J'ai besoin... d'une progression, si je puis dire.

Alors voilà, au bout d'une heure, j'ai commencé à réaliser que je fatiguais vraiment, et que je ne prenais plus vraiment autant mon pied qu'au début. Et c'est à ce moment-là qu'ils ont décidé d'entamer Again. De loin mon morceau préféré d'Archive, le plus beau mélodiquement, le plus prog, l'un des plus longs et inventifs... Dans une version quasiment calquée sur l'album. Déception. Au point que j'ai fini par filmer cette chanson avec mon appareil photo, pour la réécouter plus tard, quand je serai reposé, histoire de voir si c'est vraiment une question de fatigue ou pas. D'après Arion, qui était aussi sur place (mais nous ne nous sommes pas vus de la soirée, lui étant dans la fosse près du groupe), le concert était exceptionnel de bout en bout. Alors Ludo, je suis d'accord à 100% avec toi, les albums d'Archive, s'trodlaballe, mes chéris d'amour et tout, mais en concert, je trouve que ça ne tient pas la longueur.

Il n'en reste pas moins que je suis très heureux d'avoir pu voir en concert un de mes groupes "modernes" favoris, et savourer pleinement pendant une demi-heure une musique profondément sincère, malgré le côté froid qui peut ressortir de sa composition ultra-travaillée. Merci les gars ! Et merci aussi à Milady qui a supporté si longtemps la cacophonie d'un groupe qu'elle digère aussi mal que tous les trucs-machins prog bizarres que je lui fais subir à longueur de journée pour son plus grand malheur. C'est une sainte !

Le mois prochain, ce sera le tour d'Explosions in the sky, dans une petite salle cette fois ! Et peut-être pour le mois d'après, The Musical Box à l'Olympia (un groupe de reprises des premiers Genesis), si je trouve quelqu'un pour m'y accompagner...
 

Attention à l'overdose...

Conversation authentique...
Milady : "Tu sais... Quand j'étais plus jeune, je trouvais que ceux qui écoutaient de la musique des années 70, c'étaient des ploucs."
Nao : "Ah bon... Et maintenant...?"
Milady : "Ben, t'as de la chance que je sois plus tolérante !"

Merci Milady donc, de supporter chaque jour le Nao qui écoute du prog en boucle, et qui a même besoin d'en mettre en bruit de fond avant d'aller se coucher.

D'ailleurs ça s'endort un peu ici aussi, et je suppose que je dois être le seul à essayer les albums proposés sur ProgNotFrog ;) (Lien dans la barre ProgLiens !)

Petit bilan provisoire...

- Osiris faisait vraiment de l'excellent prog.
- Mariza Koch, c'est vite lassant.
- Troisième Rive et son album Banlieues : peut-être "la" révélation de la semaine pour moi... C'est pas très très prog, sauf le morceau qui dure plus de 10mn, mais c'est vraiment de l'excellente chanson française. Incroyable que ça n'ait pas du tout marché ici-bas...!
- J'ai reçu mon CD de Black Widow IV (dont la jaquette est reproduite sur le billet). C'est effectivement très bon, mais ça reste dans le même style que les albums II et III, donc pour l'instant je ne suis pas aussi emballé que je ne l'espérais. Je ne l'ai écouté qu'une fois depuis ce matin, cela dit. Je rappelle que Black Widow, c'est quand même le bien :)
- Autre trouvaille (voir sur la page du mois de novembre) : Procréation de Morse Code... J'avais "tenté" cet album il y a quelques mois, juste après avoir découvert Harmonium. Je voulais voir tout ce que le Québec avait fait de meilleur en prog. Seul problème, l'album est introuvable en CD, et les seuls MP3 téléchargeables omettaient tous la pièce majeure (éponyme) de l'album. Eh bien voilà, grâce à ce blog, j'ai enfin pu l'écouter, et... Elle est époustouflante !! Bravo ! De loin ce que Morse Code a pu faire de meilleur...

D'autres découvertes de ces derniers jours via le site :

- Gäa : excellent krautrock. J'adore leur nom.
- Eiliff : pareil, en un peu plus jazzy. J'aime encore plus leur nom.
- Novalis : wah ! Krautrock dans la lignée d'Eloy. Un des meilleurs groupes du genre !
- Maneige (déjà mentionné dans mon précédent commentaire) : mon troisième groupe québécois préféré, avec Harmonium et Morse Code. "Les Porches", je ne m'en lasserai pas avant longtemps...! Surtout "Les aventures de Saxinette et Clarophone" ! Rien que le titre, génial :mdr: A noter que le leader du groupe a sorti en 2005 un album de musique classique principalement dédié à ces instruments par ailleurs... Et qui est vraiment exquis. Ce n'est pas du prog, mais ça ne l'empêche pas d'être conseillé aux oreilles exigeantes !
- Far East Family Band : il faudra que je fasse un billet consacré aux deux membres les plus connus de ce groupe... C'est important pour moi. Leur album "Parallel World" est incroyablement bon.
- Sadistic Mika Band : c'est du tout bon, l'album "Black Ship". Ca sent bon le prog japonais des années 70 !
- Pollen : encore un groupe québécois... Il faut que je réécoute avec plus de concentration leur unique album. Il m'a l'air excellent.
- Rainbow Theatre, groupe australien (eh oui, il y en a dans le prog !), et son album Fantasy of Horses, écouté une seule fois mais à retenir : de l'opera mélangé avec des sons prog typiques. Wouhou.
- England et son album Garden Shed...
- Planetarium et son exceeeeellent album Infinity. Une musique très calme, très reposante, et des pointes d'agitation par-ci par-là... Je comprends que cette oeuvre soit devenue culte.
- Kaleidoscope, c'est un peu pourri.
- Crack et son "Si Todo Hiciera", un des quelques albums que j'aie chaque fois envie de remettre. Excellent mix de synthétiseurs limite 80's et de prog classique. Très belles mélodies. Viva España !
- Neuschwanstein, avec son album Battlement, me rappelle beaucoup la joie de jouer de Genesis et la voix de Peter Gabriel. Ajoutez à ça une pincée de synthétiseurs très fin 70's... Peut-être que c'est un peu ce qu'on aurait eu chez Genesis si Gabriel n'en était pas parti ?
- Fuzzy Duck. J'adore le nom de ce groupe... Ils ne se prennent pas au sérieux, mais-le-beat-est-bon. (© Kamini)
- Dissidenten et leur "Sahara Elektrik", c'est plus que tout pourri, c'd'la merde (© tinou). Je veux bien que ça ait fait connaître Khaled ou chépuki, mais c'est vraiment sans intérêt. Et pourtant, le raï, ça me plaît vraiment comme musique. Déçu déçu déçu.
- Flyte, le seul groupe flamand de prog à ma connaissance, n'a sorti qu'un seul album, mais quel coup de maître ! C'est du bon gros rock avec des mélodies entraînantes et beaucoup de talent dans l'interprétation.

Voilà, j'ai sans doute oublié plein d'artistes et j'en suis désolé... Mais là, vous avez déjà de quoi faire. Si ça vous intéresse, bien sûr :mdr: