Le post inutile.

Aujourd'hui, 29 mars 2005, cela fait dix jours que Sentinel a disparu en Irak. Il n'a toujours pas été libéré par ses ravisseurs. (Ou alors c'était en Iran ? Encore un coup de Kian je parie...)

En son hommage, j'ai passé le forum en version 1.0.3. Environ une demi-heure de travail (quelques minutes pour mettre à jour les fichiers et une vingtaine pour réinstaller mes propres modifications, d'où le laps de temps où vous avez pu avoir à la racine du forum la liste des forums sans le blog). J'en ai profité pour installer manuellement le module "faster parsecode", qui m'a l'air effectivement de bien poutrer.
Si vous trouvez des problèmes, n'hésitez pas à me les signaler, bien entendu...

Allez, pour ceux qui m'ont lu jusqu'ici, voilà un petit blog pas piqué des vers. Frantico nous propose un journal quotidien (depuis le 1er janvier) entièrement en bande dessinée. Et c'est absolument hilarant ! J'ai passé une heure à me morfondre devant tant de crudité et de honte pour notre jeunesse. Le dessin et les textes en font clairement un nouvel exemple de la "nouvelle vague" réunie autour des auteurs principaux de Donjon (j'entends par là les mirifiques & merveilleux Trondheim/Sfar/Larcenet/Blain), et d'ailleurs j'ai trouvé le lien sur l'également très bon blog de Larcenet. Soit dit en passant, allez Manu, courage ! J'ai déjà connu ce que tu as vécu sur BDParadisio... L'idéal c'est de devenir has-been au plus vite et on évite plus facilement ces problèmes... ^^
Allez hop, encore un blog dans mes flux RSS ! Heureusement que j'ai ça quand même, sinon je vous dis pas l'état de mes bookmarks...
 

Aimez-vous Baudelaire ?

Reçu ce matin, le tome 10 des Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire en français... Là j'ai vraiment fait mon rat de bibliothèque, puisque je l'avais déjà lu en VO... Mais bon, y'a pas à dire, je fais mon coming-out : je suis fan. Et pourtant, cette série et moi, on n'a pas commencé très copains quand même... J'ai été déçu par le tome 1 que je trouvais convenu au possible... J'ai bien aimé les volumes 2 et 3 mais uniquement parce que je n'avais rien de mieux à lire pour le moment... J'ai donc acheté les tomes 4 à 6 d'un coup... Et j'ai été très déçu par le 4 qui n'a rien de passionnant. Je commençais donc le 5 franchement refroidi... Et les coups du sort qui s'abattent sur les orphelins empiraient encore. Difficile pour moi de continuer à lire. Et puis j'avais quand même envie de savoir si ça se terminerait bien.

Au final non, mais mon aventure à moi a décollé : c'est à partir du milieu du tome 5 que la série trouve tout son intérêt, avec le début des mystères de la série tournant autour de "VFD" (en français "VDC"). Mon tome préféré est le 7 (celui dont j'ai tiré deux termes que j'ai souvent employés le mois dernier, "schisme" et "instinct grégaire"), mais tous les autres sont passionnants de bout en temps. J'ai donc acheté et lu dans la foulée les volumes 10 et 11 en anglais. Toujours aussi bons ! Surtout le 10 qui bénéficie de beaux décors naturels et offre de nombreuses révélations. On attend impatiemment le mois d'octobre prochain, qui devrait voir sortir le volume 12, soit l'avant-dernier de la série, qui devrait, selon les indications des dernières pages (regardez dans le sable sur l'illustration), se dérouler dans à l'Hôtel Dénouement...

Pour ceux qui ne connaissent pas l'oeuvre, passez au paragraphe suivant. Pour les autres : je m'étais toujours demandé comment serait traduit en français VFD, qui est désormais plus ou moins officiellement "Volunteer Fire Department" (Pompiers volontaires, vaguement traduisible également par "Pyromanes volontaires", ce qui aurait fait de "PV" l'acronyme idéal). La réponse page 125 : "Volontaires Désenflammeurs Coupe-feu". J'aime énormément ce qu'a fait la traductrice depuis le début de la série. Elle a insufflé beaucoup d'amour dans cette traduction. Mais là, non, je suis désolé... Je vais donc oublier définitivement l'acronyme "VDC" et me consacrer sur son équivalent anglais.

Donc, pour ceux qui ne connaissent pas, je vais quand même vous résumer en deux mots l'histoire : les trois enfants Baudelaire jouent sur la plage de Briny Beach quand ils apprennent par le banquier de leurs parents que ceux-ci ont péri dans un incendie. Désormais orphelins, ils sont placés chez un membre éloigné de la famille, le comte Olaf, qui n'a d'yeux que pour la fortune dont ils hériteront à la majorité de Violette, l'aînée des trois. Après avoir déjoué ses plans machiaaaavéliques, ils seront placés dans d'autres foyers plus ou moins liés à leur famille, pour à chaque fois devoir s'en enfuir après avoir été attaqués par Olaf. Ils finissent par demander à être placés en pension, où ils rencontrent les deux triplés Quagmire (pardon, Beauxdraps) avec qui ils se lient d'amitié. Les triplés finissent par découvrir la vérité derrière les agissements du comte Olaf, mais sont enlevés par ce dernier avant d'avoir pu la révéler aux orphelins...
Et hop ! :)
 

Hauru va hurler

Le nouveau Miyazaki sort dans une quinzaine de jours. Youpi. Je vais me jeter dessus... Pour m'y préparer, cet été j'ai eu le plaisir de me payer et de lire l'intégrale des livres de Diana Wynne Jones sortis en français. J'ai bien entendu commencé par Le château de Hurle.

Déjà, je trouve étrange que le personnage devienne "Hauru" dans la version française du film à la place de Howl ou Hurle... Voilà un choix des plus stupides. Mais bon, les adaptateurs français de Miyazaki n'en sont pas à leur première connerie. Souvenez-vous, dans Chihiro, l'héroïne comprend à la vision du dragon blanc qu'il s'agit de son ami, simplement en analysant ce qu'elle vient de dire : "dragon blanc" se traduit par "hakuryû", et l'ami en question s'appelle Haku... En français, c'est super-top-de-la-mort puisqu'elle crie son nom sans donner la moindre explication sur sa prise de conscience... Bravo les gars. Et encore, ce n'est qu'un exemple que j'ai personnellement vécu... Le pire étant dans la version française bien sûr, mais moi je l'avais vu en VO STF à l'origine, et ça m'avait fait sursauter au cinéma, de voir que les sous-titres simplifiaient ce qu'elle disait... Le boulot d'un adaptateur c'est justement de trouver un moyen de rendre en français les subtilités d'une autre langue, bon sang de bois !

Bref... J'en reviens à Hurle. Excellent bouquin, à l'exception de la fin qui est grand-guignolesque. Pour avoir lu depuis tous les DWJ, je confirme : c'est une manie chez elle... Dans le dernier chapitre, elle réunit tous ses personnages et leurs antagonismes, elle compte jusqu'à trois et c'est parti pour la mêlée générale. C'est un peu moins visible dans quelques-uns de ses livres de la saga Chrestomanci, heureusement.

Je fais une parenthèse sur Chrestomanci, sinon je vais oublier. A lire absolument, "Les neuf vies du magicien", la préquelle du premier de la série, qui présente la jeunesse de l'enchanteur Chrestomanci. C'est un pur bonheur, peut-être le livre d'elle que je préfère. "Les magiciens de Caprona" est par contre à éviter, difficile de faire plus ennuyeux et prévisible. "La chasse aux sorciers" est intéressant dans le sens où il est très différent des autres livres de DWJ, et constitue quelque part une "source" potentielle pour JK Rowling et ses Harry Potter, en transposant les héros dans une école de moldus. Quant à "Ma soeur est une sorcière", le premier de la série, il accuse son âge mais reste agréable à suivre. Une bonne introduction aux concepts de cet univers. J'ai également acheté "Mixed Magics", un recueil de nouvelles de l'univers de Chrestomanci, mais je n'ai pas trop aimé les histoires que j'y ai lues (je n'ai pas fini le livre).

Revenons-en, encore une fois, à Hurle... Le premier livre est succulent, et même si la fin est un peu tarabiscotée, j'ai vraiment pris un immense plaisir à le dévorer. C'est pour ça que je n'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire à la lecture du dernier Animeland, cette revue qui ne peut jamais s'empêcher de montrer par-ci par-là l'amateurisme pointer... Dans leur article sur Hurle, donc, l'auteur a écrit un encadré sur les livres. Il nous explique bravement que c'est tiré d'un roman de DWJ, et... C'est à peu près tout. Il est évident qu'il n'a même pas pris la peine de le lire, ce bouquin. Mais le plus comique, c'est la suite... Je résume : "Selon une rumeur, Le château des nuages serait une suite au Château de Hurle, blablabla... A confirmer par les amateurs !"

Conclusion : monsieur n'est pas amateur... On se demande bien pourquoi il a écrit un article dessus, d'ailleurs. S'il avait pris la peine de faire une recherche Google sur le bouquin (allez, 17 secondes à perdre ?), il aurait pu confirmer que c'était bien le cas, au lieu de passer pour quelqu'un qui ne maîtrise pas son sujet à fond... Donc, étant moi-même un "amateur", je confirme : Le château des nuages se déroule dans le même univers, mais à un endroit différent dans sa première moitié (le moyen-orient). L'occasion de revisiter les contes des mille et une nuits à la sauce DWJ. A l'approche de la fin du livre, la plupart des personnages de Hurle font une petite apparition, et dans les dernières pages on réalise que non seulement ils font du caméo à tout va, mais en prime certains étaient même présents depuis le tout début ! Donc, oui, je confirme, on peut effectivement appeler ce livre une "suite" au Château de Hurle...

Désolé d'être resté un peu flou sur tous ces livres, mais je ne veux pas vous gâcher l'histoire de Hurle... ;-)
 

Je viens de lire...

Bon allez, je me lance.
L'une des raisons pour lesquelles j'ai ouvert ce blog, c'est pour pouvoir y parler de choses sans rapport avec l'animation japonaise. Et particulièrement de ça. Je n'ai jamais été un grand lecteur... En fait jusqu'à cet été, j'avais dû lire une cinquantaine de livres dans toute ma vie, dont la moitié était constituée de romans et nouvelles de Fredric Brown.

Cet auteur passionnant, accessible et aux nouvelles hilarantes, avait immédiatement capté mon attention dans ma jeunesse avec le recueil de nouvelles "Une étoile m'a dit". J'ai découvert et adulé par la suite ses autres livres, dont "Martiens go home" et le fascinant "L'univers en folie". Au début de cette année, un petit éditeur (Coda) a entrepris de sortir l'intégralité de ses nouvelles dans leur ordre chronologique de parution (ou d'écriture, ça n'a pas d'importance). Je me suis délecté du premier volume (le second est, enfin !!, annoncé pour Noël). Je ne lisais plus beaucoup de livres ces dernières années, me concentrant d'abord sur la BD japonaise, puis à partir de janvier 2002 délaissant celle-ci (sauf le toujours succulent Jojo et quelques rares autres oeuvres) pour la bande dessinée française, principalement indépendante, grâce aux travaux de Lewis Trondheim (qui prend sa retraite de dessinateur, quelle tristesse !), Joann Sfar (décidément l'auteur le plus prolifique et le plus passionnant de cette décennie) et Manu Larcenet (qui m'a surpris ces derniers mois en sortant des albums très profonds). Le seul roman qui m'ait marqué ces dernières années était Gloriana de Michael Moorcock, lu pendant mon séjour en Australie en décembre 2001 (mon baptême de l'air, qui m'aura laissé des séquelles permanentes à l'audition de l'oreille gauche, comme quoi). Je l'ai mis sur un piédestal et j'ai considéré qu'aucun livre ne pourrait atteindre ce niveau. Quelque part, c'est vrai, c'est un bouleversant chef-d'oeuvre situé dans un univers victorien fantaisiste complexifié par des intrigues politiques passionnantes. Exactement ce qu'il faut pour me plaire (j'ai toujours adoré la période victorienne). J'ai également lu avec beaucoup de plaisir le Candide illustré par Joann Sfar, uniquement par respect pour ce dernier (dont j'ai quitté la mailing list récemment parce que j'étais triste de constater qu'il n'y avait pas posté depuis un an), ce qui m'a permis de découvrir ce que j'avais raté au collège quand on nous avait "forcé" à lire le livre, et que je m'étais contenté d'en lire quelques pages par-ci par-là pour en faire un compte-rendu... Quel contraste !

J'y arrive... Cet été, j'ai vu Harry Potter 3 et je l'ai trouvé bien meilleur que les deux précédents. A tel point que j'ai eu envie de lire le quatrième tome, "histoire de savoir"... Grand bien m'en a pris. Sa longueur phénoménale (plus de 700 pages) m'a d'abord inquiété, mais j'avais "pris le coup" avec les 600 pages de Gloriana et je l'ai terminé en deux jours. Quelle joie ! Un page-turner formidable qui ne ménage pas son lecteur, et lui offre des scènes terriblement marquantes. C'était fin juin 2004.

En juillet, j'ai voulu continuer sur cette lancée et découvrir d'autres livres. J'ai d'abord, sur les conseils de mon ami Patrick Marcel (rédacteur en chef du vénérable et regretté fanzine Mangazone, et des débuts de Tsunami), dévoré les livres d'un autre de ses amis, Neil Gaiman, dont il est le traducteur sur plusieurs oeuvres, notamment "De bons présages", qui m'a tout de suite intéressé par son humour Pythonesque et sa thématique sur l'Antéchrist (j'aime aussi beaucoup les histoires d'anges et de démons). Un vrai plaisir. J'ai continué sur ma lancée et lu tous les autres livres de Gaiman. Stardust : chef-d'oeuvre de la littérature de fantasy, variation passionnante sur les contes de fée. American Gods : une aventure épique parmi les incarnations modernes des dieux scandinaves, voilà de quoi passionner le fan de Saint Seiya Asgard (et de mythologie nordique) que je suis depuis toujours. Sandman a aussi droit à un merveilleux album, qui m'a beaucoup réconcilié avec les comics (voilà un auteur que je range avec fierté à côté de mes J. Michael Straczynski et des classiques d'Alan Moore).

Après avoir terminé les aventures de Neil Gaiman (du moins la plupart), et ayant été un peu déçu par ce qui restait de lui et m'intéressait moins (ses livres illustrés pour les enfants par exemple), il m'a fallu trouver de nouveaux intérêts pour rester sur ma lancée (parce que je savais que si je m'arrêtais une semaine de lire, je n'aurais pas le courage de continuer). Ce fut par exemple Agatha Christie qui réussit à m'intéresser. Non pas à travers "Dix petits nègres" qui m'a franchement laissé de glace, mais par exemple ses nouvelles méconnues de Parker Pyne, puis le mémorable Le meurtre de Roger Ackroyd (à conseiller à tous ceux qui n'ont jamais lu de roman policier de leur vie).

On en arrive au mois d'août... J'ai beaucoup travaillé ce mois-là, et dès que je voulais me reposer un peu, je sortais un livre et je le dévorais. J'ai lu au total vingt romans ce mois-là, soit presque autant que ce que j'avais lu dans toute ma jeunesse...!

La véritable révélation de ce fameux mois d'août, ce fut Philip Pullman. J'en avais entendu parler comme d'un auteur aussi révéré que J.K. Rowling, et presque aussi bien vendu qu'elle outre-Manche. J'ai donc tenté ma chance avec Les royaumes du Nord, première partie de la trilogie His Dark Materials (A la croisée des mondes), connue dans le monde entier. Quelle délectation ! Un livre écrit pour les enfants mais destiné aux adultes, écrit de manière pas trop rébarbative mais qui émerveille constamment par son intelligence et sa volonté de ne pas choisir les solutions les plus simples... Il y avait là-dedans quelque chose de vraiment neuf pour moi. Voilà que quelqu'un faisait déjà concurrence à mes Neil Gaiman, Fredric Brown et compagnie ! Mais le dernier livre de la trilogie est vraiment celui qui m'a le plus conquis... Je crois que personne ne pourra prétendre le contraire. On y parle de philosophie, de théologie, de la Genèse revisitée, et d'une histoire d'amour déchirante et sublime à la fois. C'est le genre d'oeuvre qui vous reste dans la tête des années après.

Dès lors je suis reparti sur mon principe d'acheter tous les livres du même auteur. Je passe rapidement sur ses livres "vraiment" destinés aux enfants, qui restent toutefois un plaisir à lire, pour me concentrer sur sa tétralogie qui le fit connaître dans les années 80 avant qu'il n'entâme His Dark Materials... Je parle ici de Sally Lockhart. Allez, on ne me la fait pas : un roman aventure-policier situé dans un Londres victorien ? C'est tout à fait pour moi merci...!

J'ai donc dévoré le premier livre avec beaucoup d'enthousiasme. S'il ne m'a pas autant convaincu que le premier His Dark Materials, je suis resté abasourdi par les derniers chapitres, remplis de non-dits et de textes nécessitant de la part du lecteur un investissement personnel. Il est vraiment gratifiant de devoir se souvenir d'événements anodins intervenus 200 pages plus tôt pour tirer ses propres conclusions sur l'histoire. J'ai donc entamé le second livre avec tout autant d'intérêt... Mais je ne m'attendais pas à ça !

Si La malédiction du rubis nous montre avec beaucoup de détail et parfois de cruauté les bas-fonds de Londres, Le mystère de l'Etoile Polaire s'attache lui à discuter des méandres de l'industrie de la guerre. Le sujet ne paraît pas très intéressant à première vue, et pourtant... Pour ceux qui connaissent, on retrouve un peu de l'esprit du Watchmen d'Alan Moore, sorti vers la même époque. Sauf que si Watchmen est utopique, l'Etoile Polaire choisit lui la voie d'une philosophie plus réaliste. Mais en dehors du discours passionnant du livre, se dénoue un drame déchirant pour les personnages, qui m'a permis de retrouver des émotions longtemps enfouies. C'est la première fois qu'un livre se permet non seulement de m'émouvoir au point de verser des larmes, mais de les entretenir sur plus d'une centaine de pages. Un chef-d'oeuvre, tout simplement.

Le troisième volume, La vengeance du tigre, est beaucoup plus long, et s'intéresse cette fois à la naissance des mouvements socialistes. Le propos est toujours aussi passionnant, et la première moitié du livre est tout simplement palpitante, mais j'ai regretté de ne pas y retrouver la même intensité dramatique que dans le précédent opus. Mais il reste un livre formidable, qui traduit merveilleusement la maturation d'une héroïne et d'un auteur définitivement à suivre.

Le quatrième livre, enfin, se situe un peu à part. La princesse de Razkavie, qui vient de sortir dans les bonnes librairies (et étrangement, je pense à Carrefour et non à la Fnac ni à Virgin ici), ne met en scène l'héroïne Sally que dans les premières et les dernières pages. Elle chapeaute ici un peu une histoire entièrement dédiée à son jeune ami Jim Taylor et à un personnage qui avait laissé une forte impression dans le premier roman et qu'on n'avait plus eu la joie de revoir depuis. Ecrite juste avant "Les royaumes du Nord", l'histoire tourne également autour d'une thématique, cette fois à l'opposé des bas-fonds des premiers Sally Lockhart : la vie d'une reine dans un petit royaume imaginaire entre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie.

Moins émouvant là aussi mais doté d'une fin à la fois étrange, déconcertante et satisfaisante, cliché et originale en même temps (oui je sais, c'est étrange à dire comme ça), Pullman réussit à insuffler un véritable degré de réalisme dans sa description de la Cour Royale et des nombreux complots qui la déstabilisent. On retrouve également beaucoup d'action palpitante, et des personnages qui ne s'avouent jamais vaincus, même si, pour une fois, on nous rappelle à la fin (à la fin dans l'avant-dernier chapitre et dans la dernière page) qu'il faut se réveiller et savoir prendre la mesure de ses responsabilités. Aucune concession n'est faite à l'art romanesque, et pourtant un grand sentiment d'amour m'a submergé à la lecture de ce livre.

Voilà, je viens de le terminer et j'ai enfin trouvé la force de vous parler de toutes ces choses. J'espère avoir pu transmettre un peu de mon enthousiasme et vous encourager à découvrir ces auteurs passionnants.

Quant à moi, j'attendrai patiemment un hypothétique cinquième Sally Lockhart, Pullman ayant lui-même reconnu que ses personnages avaient encore leur mot à dire. La patience est un plat qui n'attend pas la valeur des années qui se mangent froides. Ou quelque chose comme ça !