Kaamelott, fin et commencement...

Et voilà, c'est la fin du cycle télé de Kaamelott, la fin d'une époque, la fin d'une attente de six mois après la diffusion au Grand Rex des six premiers épisodes... Du 100% inédit pour moi, et une excitation permanente.

Attention, le reste du billet spoile à mort. Littéralement. Quoi de mieux que de voir ces épisodes le jour d'Halloween, quand les morts sortent de leur tombe, et qu'Arthur sort de la sienne... Et le lendemain, on les célèbre. Dont acte.

Premier contact avec Excalibur...
Premier contact avec Excalibur...

Quel bonheur que cette fin ! Les deux derniers sont vraiment époustouflants. On voit Arthur évoluer d'un seul coup en chef affirmé, voire antipathique. On le sent bien parfaitement désabusé par la découverte de l'inculture crasse du peuple breton. Après le raffinement romain, il ne se découvre que peu d'atomes crochus avec eux. Mais c'est un peuple qui ne connaît pas la décadence, au contraire il est changeant, on peut en faire quelque chose, tailler ses forces dans les brutes, tailler son diamant dans le brut. Mais si ces Bretons sont promis à un grand avenir, le chemin qu'il leur faudra parcourir est bien plus long que celui de Rome, qui ne semble jamais qu'à deux pas (un tour à la plage et ça y est, on y est). Arthur réalise ainsi que la mission qu'il s'accapare est d'autant plus difficile qu'elle est noble : il va devoir être froid et déterminé, et perdre son innocence dont la profusion parmi les Bretons l'empêche d'abuser lui-même. Un passage à l'âge adulte qui s'entérine à sa première mort à la fin de l'épisode 8, celle de César, celle de son ami Ménilius, celle de ses espoirs avec Aconia... Une trinité maligne qui fait aussi le parallèle avec la fin du livre V en nous montrant finalement ce qui l'a... "inspiré", le propre suicide du César.

Alors oui, j'espérais qu'on verrait Caius monter en Angleterre : tant pis. J'espérais qu'on aurait une autre explication à l'absence de Ménilius dans la série "moderne" : double, triple tant pis. Il fallait bien se douter de son sort, il est juste triste qu'il ne soit plus mentionné par la suite.
Tchéky Karyo est absolument gâté par cet épisode. La sympathie véhiculée par son personnage depuis le premier épisode prend toute son ampleur ici : il n'incarne plus la vieille garde romaine attachante parce que désabusée, il représente tout ce qu'Arthur avait déjà perdu au moment où il commençait seulement à rêver de ces lendemains chantants avec Aconia... Quelle claque ! Totalement inattendu pour moi. Et c'est probablement aussi le respect que lui porte Arthur qui l'empêche d'aller lui voler sa donzelle en Macédoine.

L'épisode 9 est à mettre au niveau d'un Intersections in real time (Babylon 5 saison 4), et autres merveilles télévisuelles uniquement attachées à l'unité de lieu et d'action. 90% de l'épisode se passe dans une petite pièce exiguë, avec un Arthur perpétuellement entre la vie et la mort, et visité par de vieux amis, eux-mêmes vivants ou morts. L'occasion par exemple pour AA de nous rappeler qu'il a bel et bien l'intention de nous donner l'histoire de Mordred, avec une Morgane qui se rend à son chevet pour lui annoncer qu'il couchera avec elle, consciemment ou non.
Et quand il raconte un de ses rêves (à qui d'autre que ce benêt de Perceval !), on se rend compte de la puissance évocatrice du suicide d'Arthur (il a inconsciemment créé son propre Graäl !) et de la maturité du discours religieux... Finalement, Kaamelott, la série progressiste qui raconte le passage de témoin entre les rites païens et le christianisme, nous montre que le symbole royal dudit christianisme reproche à Jésus de faire son beurre, ou son règne, sur la culpabilisation des croyants ! Alors là, comme vous le savez peut-être je suis passionné par Jésus, et franchement ça m'a fait un coup parce que j'avais vu la construction du mythe chrétien sous toutes ses coutures, mais jamais sous cet angle !
Rien que pour ça, cette saison 6 malgré ses défauts (structure parfois trop linéaire, parfois l'inverse, difficulté de l'équilibrage entre le drame et la comédie...), vaut largement la 5 à mes yeux !

« Bientôt, Arthur sera de nouveau un héros »
« Bientôt, Arthur sera de nouveau un héros »

Je terminerai juste en commentant rapidement la fin : en introduction, un Arthur à la barbe de trois kilomètres, penché comme un bossu, boîtant péniblement en haillons dans les rues de Rome... Les grands hommes se doivent de rétablir la dignité des faibles. Ayant touché le fond, notre roi est lui-même à la recherche de sa dignité. Arrivé à la villa Aconia, morte de l'intérieur mais si pleine de souvenirs, il y retrouve le dernier souvenir de son amour. Est-ce que la robe rouge-sang d'Aconia représente pour lui son Rosebud, son "Graäl positif" ? Est-ce que c'est dans ce nouveau Graäl qu'il a trouvé le sang qu'il n'arrivait pas à reconstituer en lui ? Parce que ce sang-là n'est pas tâché par les péchés du monde, et qu'il représente finalement une certaine pureté, celle qu'il a gardée toute sa vie pour Aconia, alors même qu'il savait ne jamais la revoir ?

C'est en tout cas la seule explication plausible pour expliquer qu'alors que la situation s'est empirée comme jamais (sa némésis de la saison 5 est de retour, plus renforcée que jamais), Arthur reprend ainsi goût à la vie. Ou peut-être est-ce simplement parce qu'après avoir été le faible lui-même, le fait d'avoir retrouvé un peu de chaleur lui a rappelé sa mission première ?

Juste un mot sur la musique de cette scène. L'air de rien, c'est la première fois ici qu'une musique de fond n'est pas signée d'Alexandre Astier. Et je n'avais aucun souvenir de cette musique de Jo, auquel son acteur principal est finalement dédiée l'entièreté de la série. Trippante comme on savait le faire à son époque, rappelant les expérimentations du style Morricone en vogue à l'époque (voir Polnareff dans La folie des grandeurs, encore un De Funès, ou Christophe dans Sur la route de Salina). Du coup, on se dit que cette scène est également une référence directe à Kill Bill (Arthur qui s'entraîne à l'épée, la rupture du quatrième mur...) Je comprends mieux le commentaire de Générique(s) à ce sujet dans son interview d'AA !
 

« Vous me prenez vraiment pour une truite, hein ? »

Parfois, dans la vie, on se dit qu'on a bien de la chance. Par exemple hier, j'avais envie de manger un cheeseburger, et ça tombait bien, il y en avait un dans le congélateur. Ah oui, et aussi, j'ai vu, en compagnie de Damien, les six premiers épisodes de la saison 6 de Kaamelott, à l'avant-première au Grand Rex. Il n'y a guère d'autre mot : c'était exceptionnel.

Cette saison est très différente des précédentes. A.A. est clairement devenu l'un des meilleurs réalisateurs de sa génération, combinant un sens inné du rythme avec des envolées lyriques rappelant la saison 5. On rit beaucoup (on a même droit à un DTC, si si !), on découvre les us et coutumes de la Rome vieillissante, et on partage des tranches de vie souvent touchantes. On fait la connaissance de nombreux nouveaux personnages, géniaux pour la plupart, on apprend la "vérité" sur la raison pour laquelle Karadoc aime autant la nourriture (et elle est vraiment surprenante !), et surtout, surtout, ça a franchement épaté toute la salle entière : la raison pour laquelle Arthur n'a jamais touché Guenièvre ! Non, je n'en dirai pas plus... J'ai envie de me replonger dans cet univers-là, à cheval entre les clodos de Bretagne et la décadence romaine. On a l'impression que chacun de ces peuples est conscient de ses propres limites, de sa propre destinée. (Reste 2144 caractères)
 

Kaamelott, livre V

La magie de la télévision a fait son oeuvre : Kaamelott est devenu, l'espace d'une soirée, un téléfilm, comme si la série n'avait jamais été cette étrange accumulation d'épisodes courts et très enlevés, et qu'elle avait toujours pris la forme de longs-métrage à la plastique irréprochable et dignes des meilleures productions françaises en matière de budget. Que dire, sinon ces deux mots : WA-OUH !

On a ainsi pu découvrir des nouveaux personnages hilarants et extrêmement bien écrits (Alain Chabat, royal !), une prophétie (voir à gauche l'image montrée, et tout en bas celle du cliffhanger), de nouvelles musiques de qualité (toujours signées d'Alexandre Astier), des décors enneigés absolument somptueux (idée voyage : le Mont Gerbier de Jonc, en Ardèche), une direction artistique impeccable (sans compter les costumes, les maquillages, tous plus réussis les uns que les autres), une photo d'une clarté irréprochable... C'est clair, le Kaamelott des débuts nous paraîtra peut-être bancal après le visionnage du livre V. On est passés dans le monde des pros.

Le plus gros changement reste évidemment le rythme. Il est très rapide dans la série TV, ici Alexandre Astier s'est permis de prendre son temps... Ou presque. Le téléfilm relevant du simple exercice de re-montage de scènes préalablement tournées pour les épisodes stand-alone, on remarquera souvent des effets de montage qui masquent difficilement la "teneur" originale des plans. Mais qu'importe. Le résultat est quasiment sans défaut, et ceux qui les petites musiques de début et de fin d'épisode horripilaient n'ont plus à se plaindre.

Reste qu'il y a quelques petites surprises, quand on s'amuse à comparer les téléfilms avec la diffusion télé quotidienne (qui a démarré le lendemain, 1er mai, avec l'épisode "Les repentants"). Ainsi, l'épisode durait 7'10 (au lieu des 7' préalablement annoncées, soit dit en passant). Equivalent dans le téléfilm : 6'20. Il y a donc 50 secondes d'ajout, sous la forme d'une très drôle scène de lit entre Guenièvre et Arthur à propos de la venue de l'hiver. Plus surprenant, le début du téléfilm est constitué d'une minute de plans muets sur la cariole d'Orcanie, plans qui ne totalisent qu'une dizaine de secondes dans l'épisode 1. Au final on a donc environ 1'40 de scènes inédites dans l'épisode, et 50 secondes de plans inédits dans le téléfilm. Je sens que je vais passer du temps à comparer les deux versions à chaque nouvel épisode diffusé, moi... ;)

En attendant, ce billet servira de "support" à vos commentaires sur les épisodes au quotidien. N'hésitez pas à partager vos déceptions et vos joies, ainsi qu'à mettre en valeur les petits détails que vous aurez remarqués dans les épisodes. Ils sont nombreux. Ne serait-ce que, par exemple, le fait que Perceval refuse catégoriquement de tenter de retirer Excalibur du rocher, alors qu'on sait tous (d'après un épisode d'un livre précédent) qu'il est le seul homme en dehors d'Arthur à faire "réagir" Excalibur quand il la prend en main.

Reste que nous n'en saurons guère plus avant le mois de septembre, maintenant, puisque c'est pour la rentrée qu'est annoncée la deuxième moitié du livre V, qui n'a pas été abordé dans cette version longue. Quels seront les sorts de Lionel et surtout d'Arthur ? Vénec pourra-t-il continuer ses petites affaires ? Merlin sera-t-il enfin considéré comme un druide ? Mévanwi sera-t-elle confondue pour ses petites manigances ? Le duc d'Aquitaine nous réjouira-t-il de nouveau de sa présence ? Vous le saurez... Dans une éternité !
 

Alexandre est grand

Dans mon dernier soupir, avant d'me coucher quoi, je rendrai au monde ce qu'Alexandre Astier nous a donné. L'auteur-réalisateur-acteur-compositeur de Kaamelott donnait une conférence aujourd'hui au Salon du Livre à Paris sur le thème "c'était quoi déjà, le thème ?". Enfin bref, c'était de la promo pour un bouquin labellisé "Kaamelott" mais écrit par un historien-à-lunettes très sympathique mais dont 99,7% des fans présents se contrefoutaient royalement (j'espère que le pauvre homme aura quelque peu apprécié mes paroles de réconfort, après tout je vais le lire, son bouquin).

Je vous conterai demain si j'y pense (fuyez, mes amis !) la suite de mes longues aventures au Salon du Livre, dont j'ai constaté avec surprise qu'il est, contrairement à ce que son nom indique, un peu plus grand que mon propre Salon, et qu'on peut donc y vivre des péripéties un peu plus palpitantes que "j'ai vu l'épisode 17 de Heroes, et c'est trop d'la balle !".

Il y avait donc foule pour cette conférence. Quelques badauds et beaucoup de fans. Une caméra professionnelle filmait le tout donc je suppose qu'il y a des chances que tout cela soit diffusé quelque part. Pour ma part j'ai filmé une douzaine de minutes de l'ensemble, et comme je suis très gentil, j'essaierai de mettre tout ça en ligne au plus vite. Alexandre a parlé une bonne moitié du temps, pour raconter des anecdotes avec bonne humeur, et donner quelques informations sur les livres à venir aux fans qui n'étaient venus (pour la plupart, j'ai l'impression) que pour ça.

- Le livre V sera "très" sombre. J'ai l'impression même qu'il le sera bien plus que le quatrième. Il a confirmé de nouveau ce qu'on savait déjà : épisodes de 7mn au lieu de 3'50 (mais cinquante uniquement, je suppose... On n'a pas eu confirmation et j'ai oublié de le demander). La date diffusion, petits canailloux ? A la dédicace, quelqu'un lui a généreusement tendu un papier : "Date de diffusion du livre V ?", pour qu'il réponde en-dessous et qu'il l'expose à côté de lui pour éviter qu'on ne lui pose la question 57 fois... Il a donc écrit clairement : "fin des vacances de Pâques". En précisant, là aussi nous le savions déjà, que la diffusion commencerait avec les deux prime-time de 52'. Je ne sais pas si la série "normale" sera diffusée dans la foulée, ou courant mai comme les dernières informations le laissait savoir.

- Je ne suis pas certain de l'info, mais je crois qu'on retrouvera une troisième fois Morgane dans la saison. On y découvrira aussi le frère de Bohort ("Dans la légende, il y a parfois des éléments que je ne mentionne pas parce que je n'y trouve pas d'utilité, mais ça n'empêche pas que je les utilise par la suite, par exemple on verra le frère de Bohort dans le livre V.") (Oui, je paraphrase. Je crois que j'ai filmé ça, donc vous verrez ça en vidéo de vous-mêmes.)

- Ca je n'en suis pas certain non plus, mais j'ai l'impression que ce livre sera découpé en deux parties imaginaires. Il a répété plusieurs fois "vous verrez ça et ça dans la deuxième partie du livre" (notamment pour le frère de Bohort).

- Alexandre a également parlé rapidement du livre VI (déjà !), enfin, juste pour dire qu'il explorerait la thématique du passé des personnages. On y montrera ainsi plus précisément ce qui différencie tant Arthur (d'éducation romaine progressiste) des autres chevaliers.

Je crois que c'est tout pour la conférence... Les autres infos, je les ai oubliées. Quant au reste, vous le retrouverez en vidéo. Les voici. Un foutoir monstrueux de 22'30 tourné en séquences de 3 minutes (jamais plus), sans aucun travail de remontage ni même de visionnage après coup. Je ne suis pas doué avec mon appareil photo, mais là j'ai atteint des sommets insondables de foutraquerie. Vidéo post-it, mouvements de caméra permanents, si vous préférez un MP3, demandez-le et je le posterai dans les commentaires.

http://www.youtube.com/watch?v=DKnvBEdlvLA (1/3)
http://www.youtube.com/watch?v=qCwMGeT1R8A (2/3)
http://www.youtube.com/watch?v=TI5AooIDe6w (3/3)

Après cette conférence d'une heure donc, les fans se sont précipités vers un autre stand, où Alexandre donnait une séance de dédicaces une demi-heure plus tard. Arrivés parmi les premiers, nous avons pourtant dû patienter une bonne heure pour passer, les "petits malins" se faisant un plaisir de se faufiler régulièrement entre nous et la tête de la file. Mais vaille que vaille, nous patientâmes et Ludo m'en sera témoin, j'ai une capacité infinie à combler le silence de l'attente par des monologues fractalisés dont l'hyperlien n'a d'égal que la profonde vacuité. Envoyez vos dons à la fondation Arion, ensemble nous pouvons l'aider à vaincre la terrible dépression dans laquelle je l'ai plongé.

Tout ça pour vous dire qu'une fois arrivés devant monsieur Astier (oui, le zombie informe à côté du beau gosse de la photo, c'est moi), nous avions eu largement le temps de réfléchir à ce que nous lui dirions. Je laisse à Arion le plaisir de raconter sa propre rencontre sur son blog, quant à moi, ancien journaliste dans l'âme, j'ai préféré délaisser les pertinentes questions qui nous bloquent tous ("Merlin va-t-il finir par céder aux avances d'Elias ?", "Si Perceval connaît vraiment par coeur les règles de tous ces jeux, se pourrait-il qu'il soit autiste plutôt que simple d'esprit ?"), pour poser l'une des questions qui me turlupinent depuis bien longtemps :

"M'sieur Astier z'y va, est-ce que vous avez-tu toi l'intention de sortir un jour en DVD vos courts-métrages d'avant-Kaa m'sieur Astier z'y va fais pas ta pute PS j'adore c'que tu fais sur la vie d'ma reum merci beaucoup avec tout le respect que je vous dois."

Ce à quoi notre bien-aimé souverain du royaume de Logres me rétorqua, avec la verve qu'on lui connaît tous : "Ben... J'aimerais bien, mais en fait je dois d'abord refaire leur montage." Merci monsieur Astier. J'attendrai donc, contre vents et marées, la sortie de ces pépites tant désirées, dussé-je pourrir sous un vieux chêne après trois mille ans d'espoirs inassouvis que vous fîtes naître en moi en l'espace de quelques mots. La plume, comme chacun sait, est plus forte que l'épée.

Enfin, couronnement de ma courte mais si enrichissante relation avec Alexandre, une sincère poignée de main qui venait, quelque part, remercier cet échange dont la simple évocation me met la larme à l'oeil :

"Je voulais vous remercier pour cette série magnifique, mais je suppose que tous les autres vous auront dit la même chose, alors je me permettrai surtout de vous remercier en particulier pour avoir choisi de rendre la série de plus en plus sombre.
- (écarquille les yeux de plaisir)
- Je pense que la série y gagne quand le dramatique prend son ampleur. (Oui, bon d'accord, je n'ai peut-être pas dit ça comme ça, mais comme j'ai pas filmé ça, y'aura personne pour me contredire...)
- Eh bien alors ne ratez surtout pas le livre V !"

Oh, mais ne vous inquiétez pas, votre majesté. Je serai toujours là pour soutenir votre noble entreprise et visionner religieusement les nouveaux épisodes que vous daignerez nous offrir. Tout comme les dizaines d'autres fans présents ce jour-là, même si soit dit en passant, certains m'ont fait beaucoup rire involontairement. Il faut dire que nous étions précédés d'un groupe de jeunes princesses elfes, ou quelque chose d'approchant, vouant certainement un culte à Guenièvre ou autre elfe digne à leurs yeux (Diam's, peut-être ?), et qui m'ont fait doucement gousser quand Arion, le social-traite à la cause de la moquerie distinguée, me souffla dans l'oreille qu'il les avait entendues parler d'un certain forum. Ah, mais me voilà fort bien aise de m'être fait reconduire à la sortie dudit forum pour avoir osé poster trois copies d'écran de Kaamelott sur ce blog-même. Car en effet, le ramage des habitantes de ce forum était à la hauteur du plumage d'icelui, ce qui revient à dire que les fromages ne volaient pas très haut. Qui se ressemble s'assemblant, je ne regarde M6 que pour ces cinq minutes de bonheur quotidien et je ne reste pas pour enchaîner sur la Nouvelle Star ou l'énième rediffusion des aventures de Gandalf. Elitiste je suis, élitiste je resterai. Dussé-je finir ma vie seul, j'aurai toujours mes DVD de Kaamelott pour me tenir compagnie.
 

En attendant Kaamelott...

...On va quand même faire le point sur les dernières infos, non ?

- Le tournage du livre V a commencé mi-janvier... Au départ ils espéraient le diffuser à partir de la fin mars, mais c'était trop juste.
- De fait, le retour de Kaamelott devrait avoir lieu aux alentours du 10 avril, avec deux épisodes spéciaux de 52 minutes diffusés en prime time. Ca fait longtemps qu'on les attendait, ceux-là... Cette fois c'est la bonne.
- Le livre V devrait suivre assez rapidement on l'espère... Si ce n'est pas immédiatement après, je dirais début mai au plus tard. 50 épisodes de 7 minutes sont toujours prévus.
- Cette info-là n'est pas nouvelle mais je n'en ai jamais parlé : un CD audio de Kaamelott est envisagé, probablement pour quand il y aura assez de matière pour le remplir. Ah, le thème de 3mn du dernier épisode en date...!

- Alain Chabat est confirmé pour un rôle, il devrait apparaître dans les épisodes spéciaux. Youhou ! Pour le reste du contenu, il devrait être "plus sombre encore" que le livre IV, et pour ceux qui se posaient la question, l'homme en noir qui prend Lancelot sous son aile est en fait Méléagant, qui d'ordinaire est plutôt l'ennemi dudit Lancelot... Des changements ont donc été apportés à la légende arthurienne, et ce n'est pas pour me déplaire : il ne s'agit jamais que de légendes... Et qui fabrique et améliore les légendes au fil des siècles, sinon les conteurs ?

- Pour les audiences au fil des livres de Kaamelott, j'en parle un peu plus bas dans les commentaires, voir ici.

On finit en faisant le point sur les films, hop, je m'embête pas je copie-colle de Wikipedia :

À la suite de la diffusion du septième et dernier Livre de la série, en 2008, l'équipe de la série va débuter une trilogie de long-métrages. Dotée d'un budget de 45 millions d'euros, cette trilogie permettra à Alexandre Astier de pourvoir ses comédiens de costumes du Ve siècle, et d'aborder de plus nombreux décors en extérieur.

Le premier de ces opus, prévu pour une sortie en salles en 2010, possède pour sous-titre la phrase suivante :
« Bienheureux les simples d'esprit car le Royaume des Cieux leur appartient. »
 

C'est pour ça que j'aime Kaamelott...

...Parce qu'Alexandre Astier aime ses personnages, et qu'il aime son public.
...Parce qu'il ne nous prend pas pour des idiots.
...Parce qu'il flatte notre sensibilité à une subtile mais réelle poésie.
...Parce que son oeuvre a fini par dépasser en émotion le monument de drôlerie qu'elle était devenue.
...Parce qu'elle me redonne espoir dans la création française, et dans le bon goût de mes compatriotes.

Intéressant, quand même, de mettre ainsi en valeur le baptême de Perceval, jamais annoncé, et pourtant réservé à l'ultime épisode de cette saison 4. Quelle est la valeur symbolique de ce geste, en dehors du passage ritualistique d'un univers religieux païen (Excalibur, la Dame du Lac) à un univers religieux chrétien (le Graal, le Roi Pêcheur) ? L'annonce des temps à venir ?

On passe en revue les personnages constituant l'intrigue majeure du livre IV... Un unique plan sur Guenièvre, plus noble que d'habitude, qui sort grandie de ses humiliations récentes. Mévanwi, presque méconnaissable avec une nouvelle coiffure, plus souillon, plus rebelle... Plus déterminée peut-être ?
Et surtout, Merlin et Perceval, nos charmants bouffons si souvent tournés en bourrique, les voilà transcendés le temps d'un plan dont la beauté christique renvoie directement à Excalibur !

Et ce magnifique travelling avant sur Lancelot étalé par terre avec les pieds de l'homme en noir qui apparaissent... Et la musique lancinante, sobre mais obsédante, toujours signée Astier... Wouah. Il y a moins d'effet choc que dans le cliffhanger de la saison 3, mais cinématographiquement, on atteint le nirvâna. Pardon... Avalon.

La suite au printemps 2007 !
 

Kaamelott, c'est chuper.

Je lis ici et là que Kaamelott, la série à succès de M6, est une "parodie d'Arthur et des chevaliers de la Table Ronde". Justement, pas du tout... Tout comme "Donjon" de Trondheim et Sfar est non pas une "parodie d'heroic-fantasy" mais une "histoire d'heroic-fantasy avec des éléments de comédie", Kaamelott commence avec des allures de parodie, mais très vite on se rend compte que c'est bien plus que cela. Exit donc les inévitables comparaisons avec le Sacré Graal des Monty Python : l'auteur-réalisateur-acteur principal a le plus profond respect pour les figures de la Table Ronde et leur rend, à sa façon modeste mais pleine d'humour, un hommage époustouflant.

Kaamelott est une série au format court (7mn par soir, soit 3mn30 par épisode), spin-off du court métrage "Dies Irae" d'Alexandre Astier, issu du monde du théâtre lyonnais, qui a fait ce court avec sa petite famille. On y voyait Arthur présider une réunion de la table ronde, pour faire un bilan sur les recherches du Graal. Malheureusement, tous ses chevaliers sont des "bras cassés" comme il le dit lui-même, et infoutus de faire quoi que ce soit de correct. Alors pensez donc, trouvez le Graal...

Ce qui est parti d'un petit délire filmique, a germé par la suite sous la forme d'une véritable série dans la tête d'Astier. Pour faire simple : il connaît très bien les diverses versions des légendes d'Arthur (sous forme de livre avec Chrétien de Troyes, de recherches d'historiens, et bien sûr de versions cinéma avec Excalibur et Sacré Graal -- je pense qu'il a fait l'impasse sur le film Camelot cela dit :mdr:). Il part du principe que la légende d'Arthur, personnage imaginaire, était déjà une adaptation d'une histoire "vrai" à la sauce "de l'époque" par un écrivain romantique du XIIème siècle, qui a donc transposé le personnage à son époque (alors qu'à l'origine il était du VIème siècle je crois). Donc, Arthur, finalement, n'existant qu'en tant que personnage "mis au goût du jour", est enrichi par les versions successives des récits le concernant. Tout comme Excalibur lui a donné un côté mystique et lui a donné plus de profondeur, Astier a pris le parti de réécrire Arthur à sa manière, sous la forme d'une série à la fois comique ET dramatique, où les personnages ne sont plus que des humains incompétents mais conscients de jouer un grand rôle dans l'Histoire (la quête du Graal notamment), et donc inquiets de savoir l'image qu'ils laisseront à la postérité.

Le contexte de Kaamelott renvoie les personnages au VIème siècle, avec toutefois des armures et costumes plus proches du XVème siècle, et des dialogues pas piqués des vers (LE gros point fort de la série, en plus de la cohérence globale de son scénario), qui rendent hommage à Michel Audiard. Astier écrit quasiment tous les épisodes, il a une vue d'ensemble sur le scénario de la série (qui comportera au total 700 épisodes, pas un de plus ni de moins, 2 téléfilms, et 3 films de cinéma qui concluera la légende dans quelques années).
Sachant que 400 épisodes ont déjà été réalisés, et que la série rencontre toujours un énorme succès, on peut raisonnablement penser qu'il va pouvoir mener son entreprise à bien.

La bonne chose dans Kaamelott, c'est que si les épisodes sont d'abord censés être drôles (la série ayant succédé à "Caméra Café"), Astier n'a JAMAIS oublié de poser progressivement les pierres de la légende. Il se permet des modifications dans le scénario, mais qui suivent toujours la logique de sa propre réécriture. Par exemple, il ne semble pas y avoir de lien entre la Dame du Lac et Lancelot. Dame du Lac qui, dans la version d'Astier, n'est visible que par Arthur (générant de nombreux quiproquo dans leurs conversations quand quelqu'un d'autre est présent sur place). Les chevaliers Yvain et Gauvain sont deux jeunes gens copains comme cochon, qui veulent faire de mieux pour gagner leurs premiers galons de respectabilité, mais sont encore trop jeunes dans la tête pour penser à faire autre chose que des bêtises. Guenièvre n'est pas d'une grande beauté, elle n'a jamais réussi à mettre Arthur dans son lit, elle l'a épousé suite à un mariage arrangé : son père, Léodagan, est le roi de Carmélide, le principal allié d'Arthur. Léodagan, parlons-en : joué par le propre père d'Astier, c'est une sorte de tyran assoiffé de sang par nature, il est frustré quotidiennement par un Arthur qu'il ne peut que "conseiller", mais qui ne fait jamais ce qu'il aimerait bien qu'on fasse : des potences et quelques bûchers de temps en temps, "c'est plus festif". Le personnage est d'une roublarderie et d'une bougonnerie hilarantes -- c'est clairement un de mes préférés de la série. Un peu dans la lignée de De Funès.

Que dire d'autre ? Perceval est censé être celui qui trouvera le Graal (d'autres versions ultérieures l'ont attribué à Galaad, fils de Lancelot, pour des raisons religieuses il me semble), parce qu'il est le seul à avoir le "coeur pur". Il n'en fallait pas plus à Astier pour faire de Perceval un idiot congénital dont la gentillesse n'a d'égale que la connerie patentée. Si vous entendez quelqu'un vous dire "C'est pas faux !" dans la rue, c'est sans doute un fan de Kaamelott. "C'est pas faux", c'est ce que dit Perceval quand il n'a rien compris à ce qu'on vient de lui expliquer.

Je vais faire un petit résumé (pas forcément idéal, mais vous pourrez trouver d'autres infos sur Wikipedia par exemple) pour ceux qui prennent la série en cours de route.

A partir de la saison 3, le scénario mis progressivement en place dans les deux premières saisons (ou "livres") se dévoile : Lancelot se met en colère contre Arthur (étant le conseiller du roi et le seul être à peu près cohérent de la cour, il considère que son seigneur devrait virer tous les chevaliers incompétents afin d'accélérer la recherche du Graal), il déserte le château et va s'installer en ermite dans la forêt. Puis, au cours de la saison, Arthur tombe amoureux de la femme du chevalier Karadoc (gros mangeur de son état et meilleur ami de Perceval). Il finit par l'embrasser, mais une règle établie par le roi lui-même implique qu'il doit tuer Karadoc en duel pour pouvoir aimer sa belle. Problème : Arthur a de l'affection pour tous ses Chevaliers, et il n'est pas trop tenté d'en venir aux mains. Il garde donc le secret pour le moment... Pendant ce temps, Guenièvre ayant appris qu'Arthur s'était amouraché d'une femme de chevalier, le met devant le fait établi. "Et qu'est-ce que vous allez faire de moi ? - De vous ? C'est-à-dire... Comment ça ? Ben je sais pas moi, tiens je... Bah rien. Enfin, si, comme d'habitude quoi. Oui voilà : rien."
Réaction qui incite Guenièvre à partir rejoindre Lancelot dans la forêt. Ensemble, ils commencent à monter un camp au début de la saison 4 qui vient de commencer... Dans l'épisode d'hier, ils ont débauché un des rares chevaliers "compétents" de la table ronde, le seigneur Galessin. La situation commence à se compliquer...
Et la bonne nouvelle, c'est qu'alors que le début de cette saison est très riche en événements intéressants, ça reste toujours aussi drôle dans les dialogues.

Sinon, les deux premiers "Livres" (soit 200 épisodes) sont disponibles en DVD. Chaudement recommandés, avec plein de bonus et tout... Le livre III sortira dans une paire de mois.

Quelques citations typiques de la série, pompées sur Wikipedia :

"Du temps de Pendragon, on avait le sens du dramatique: le Lac, Stonehenge, Avalon…Maintenant, dès qu’ils croisent un Dragon, ils font un meeting." (Ygerne)

"Des bons à rien, j’en ai vus, mais le coup de la Table Ronde, alors là… C’est le rendez-vous des mains dans les poches." (Séli, épouse de Léodagan)

"Invoquer une meute de loups ? Moi je veux bien, mais je vous préviens : s’ils se retournent contre nous pour nous bouffer les miches, vous viendrez pas pleurer !" (Merlin, enchanteur qui rate la plupart de ses tours...)

"La politique, j’en connais qu’une : un soldat pour trente péquenots et le premier bouseux qui se plaint des taxes, on lui coupe un pied !" (Léodagan, bien sûr !)

"À Vannes aussi, on a nos traditions. Bon, des graals pas vraiment, mais je connais un vieux qui se balade toujours avec un saladier." (Karadoc)

"Mon oncle, mon cœur est empli de la noblesse de cette quête ! J’ai le courage de l’oiseau ! Je frétille comme une p'tite truite !" (Gauvain, neveu d'Arthur, copain d'Yvain)

"Vous avez qu’à dire au pape que s’il trouve que ça traîne, il n’a qu’à venir le chercher lui-même, son gobelet à la con !" (Galessin, à un envoyé du Vatican qui vient aux nouvelles du Graal)

"J’irai me coucher quand vous m’aurez juré qu’il n’y a pas dans cette forêt d’animal plus dangereux que le lapin adulte !" (Bohort, le chevalier peureux mais sans reproches, qui fait sans doute une référence involontaire à Sacré Graal ;))