Il vient du futur pour nous rendre visite...

Hop, ça mérite un nouveau billet ça... (L'occasion de rappeler que je suis toujours bien en vie, aussi.)

Lu dans CanardPC qui recommandait une web-série en précisant qu'elles sont rares, les séries du genre à les faire marrer... Hors pour moi c'est un peu pareil, il n'y a que Dr. Horrible qui m'ait vraiment convaincu.

Donc j'ai essayé Le Visiteur du Futur. CanardPC dit que ça leur fait un peu penser à Doctor Who, rien de surprenant : le personnage principal est un sosie de David Tennant, il porte une redingote et gigotte comme un goth fou lui aussi. Mais c'est plus un hommage respectueux qu'une parodie ou qu'une tentative de copier, parce que LVDF a vraiment son univers et son style à lui. L'autre perso principal, "Raph", est joué cette fois par le Frank Whaley français. Bon, lui il est moins connu mais c'est à tort (c'est un de mes chouchous du cinéma US).

Le pitch : un visiteur du futur intervient régulièrement dans la vie de Raph' pour le prévenir que s'il fait tel ou tel truc (épisode 1 : jeter une canette dans une poubelle, épisode 2 : manger une part de pizza avariée...), il déclenchera une série d'événements qui conduiront à la fin du monde ou équivalent. Après un 4ème épisode qui s'amuse déjà à pervertir le concept et qui est très drôle, on rentre vraiment dans le vif du sujet avec l'introduction de la "Brigade du Temps", qui cherche à intercepter le visiteur. Le scénario se complexifie, il y a quelques acteurs supplémentaires (la fille est très douée), et on se prend à se manger les 13 épisodes disponibles en une demi-heure.

Chaque capsule fait entre 2 et 4 minutes (forcément), ce qui nous donne un format proche de celui de Kaamelott. Et je n'ai pas peur de le dire, c'est peut-être bien la première fois depuis les débuts de Kaamelott que je vois un programme court qui pourrait faire honneur à K. en le remplaçant à la télévision dans sa case classique. C'est vraiment, vraiment futé et drôle, parfois hilarant.

Le site officiel :
http://www.levisiteurdufutur.com/

Pour voir les épisodes, c'est par ici :
http://www.frenchnerd.com/pages/Visiteur-1327124.html

Ils en sortent apparemment un tous les 15 jours, vite vite que je trouve le flux RSS :D
 

Le coin Red Dwarf

Et hop, un placeholder de plus pour centraliser les discussions sur la Naine Rouge... Après plus de dix ans d'une absence intolérable, le nouvel épisode (3x25mn) de la série la plus drôle d'outre-Manche arrive ce week-end, et je sens que je vais me replonger avec délice dedans... Il suffit de voir la nouvelle hologrammette qui passera dans les épisodes... On est quand même un cran au-dessus de la Kochanski, là.

Attention aux spoilers : ce lien propose les synopsis (des résumés succincts, donc) des trois épisodes de cette arlésienne. Alors forcément, le premier n'est pas très spoïlant, mais les suivants le sont un peu plus.
Tags: red dwarf
 

This story has happened before, it will happen again.

Encore un billet plein de spoilers, donc... Si vous n'avez pas vu l'épisode final de Galactica, passez votre chemin parce que c'est de ça que je vais parler.

Il y a près de 5 ans, je publiais sur Cynarhum un message en forme de coup de gueule sur une repompe que je trouvais assez éhontée. Le message concernait la série Wolf's Rain et vous pouvez encore passer votre chemin, là aussi. Sinon, allez le lire in situ.

Des années plus tard, je découvre Galactica, et immédiatement se pose la fameuse question : s'ils arrivent sur Terre, à quelle époque ça sera ? Trois possibilités : le présent (déjà vu dans Galactica 1980), le futur, ou le passé. Le futur a été plus ou moins abordé dans l'épisode "Révélations", où ils découvrent l'ancienne Terre. Il restait la possibilité du passé. Comme j'avais été assez marqué par cette histoire sur Wolf's Rain, je m'étais immédiatement mis en tête que s'ils arrivaient dans un passé lointain de la Terre, ça serait la nôtre, et ils la coloniseraient, et on nous apprendrait ainsi que nous sommes tous leurs descendants. Bon, ben ça n'a pas raté...!

Ron D. Moore avait déclaré dans une interview il y a quelques semaines qu'il voulait une "fin choc" et originale, et qu'il était déçu de ne pas avoir pensé à la fin des Sopranos, pour plaisanter. Dans le même esprit, une discussion récente avec un ami m'a appris que RDM avait l'intention de terminer sa série DS9 sur la destruction de la station éponyme, projet qu'il avait dû abandonner parce que Babylon 5 s'était terminé dans des circonstances similaires - et Dieu sait combien RDM voulait éviter de donner matière à débattre aux fans de l'une ou l'autre série à propos de leurs nombreuses similitudes. Pourtant, B5 se terminait sur un caméo de l'auteur de la série, JMS. Et BSG se termine sur un caméo de l'auteur de la série, RDM. Premier point : finalement, ça ne le dérangeait pas tant que ça, de finir sur des hommages à d'autres oeuvres...?

Mais bien entendu, ce n'est pas la plus frappante des similitudes avec une autre oeuvre. Comme mentionné plus haut, le concept entier de la fin semble repris de Gall Force - Eternal Story, film d'animation sorti en 1986 au Japon. Je reprends donc : deux races (monstres contre femmes) qui se battent depuis des siècles, création d'un hybride entre monstres et femmes qui devient un "homme", destruction des deux races, crash sur la Lune, et les deux survivants vont sur la Terre du passé et deviennent Adam et Eve. Le rêve créationniste passé à la moulinette de la science-fiction-bouillabaisse japonaise : délire.

La version Galactica ? Deux races (robots contre humains) qui se battent depuis des décennies, création d'un hybride entre robots et humains qui deviendra la future mère de l'humanité, destruction d'une des races, arrivée sur la Terre, et les survivants renoncent à la technologie pour se mêler aux populations préhistoriques locales. Le rêve évolutionniste passé à la moulinette d'une science-fiction intelligente et posée : bien vu, mais... Pas si original que ça, finalement, non ?

Il y a peut-être d'autres exemples, peut-être Gall Force est-il même pompé sur une autre oeuvre antérieure, après tout je commence à lire un livre de Christopher Priest dont le sujet[1] me semble, vous l'aurez sans doute remarqué vous aussi, repris de Galaxy Express 999... Paru quelques années avant. Coïncidence ou pas ?

Je ne sais pas, moi, monsieur, ne tirez pas sur le messager... Mais alors que Wolf's Rain m'avait particulièrement énervé dans la repompe, ici j'ai presque senti cela comme une coïncidence, la rencontre des grands esprits. Et j'ai donc pleinement profité de l'ensemble du final de la série, grandiose à tous points de vue, et dont les images me hantent encore l'esprit vingt quatre heures après leur découverte. Je pense qu'on en parlera encore avec intérêt dans les années à venir.

Maintenant, si vous voulez commenter le dernier épisode, n'hésitez pas à le faire ici ! Les spoilers sont autorisés, bien sûr. (Et j'ai repris les images de Galactica du blog de Mo Ryan sur le Chicago Tribune, merci.)
 1. Un homme gagne un "billet" pour une opération qui le rendra immortel dans une clinique au bout du monde, et entame un voyage intérieur autant qu'extérieur pour savoir si cela en vaut la peine (in La fontaine prétrifiante)
 

Chapeau bas, Docteur Who

D'habitude, les double-épisodes de Doctor Who, ça me lourde un peu l'estomac, comme un sandwich grec avec trop de viande... C'est juste là pour étirer en longueur des scénarii sans grand intérêt avec plein de scènes d'action qu'il faut rentabiliser.

Hier, j'ai vu le meilleur épisode de la série. Sans contestation possible pour moi. Meilleur épisode parce qu'il ne souffre d'aucun temps mort ? Parce qu'il est d'une inventivité qui fait honneur à la marque de fabrique de la série ? Parce qu'il est à la fois drôle et émouvant, sans pour autant verser dans l'habituel chantage aux larmes ? Parce qu'il est appréciable de voir une histoire s'adresser autant à notre froid et calculateur cerveau qu'à nos tripes, nos peurs irraisonnées et nos ressentis les plus enracinés ? Parce que, selon cette expression que j'aime particulièrement, "le tout est encore meilleur que la somme de ses parties" ? (Reste 4241 caractères)
 

Dextermination glaciale

Je viens de terminer ce matin le visionnage de la première saison de Dexter... "La" série au pitch délirant : un gamin adopté par un flic a des pulsions meutrières... Son père adoptif lui apprend à ne tuer que des meurtriers qui ont échappé à la police. Voici le premier "serial killer qui oeuvre pour le bien", joué par, excusez du peu, Michael C. Hall, l'attachant croque-mort homosexuel de Six Feet Under. Devenu légiste pour la police, sa spécialité : l'analyse du sang sur les scènes de crime. Il va bientôt se retrouver confronté à un mystérieux serial killer qui fait preuve d'autant de maîtrise que lui dans "l'art" du meurtre mis en scène de façon presque ritualistique. Au fur et à mesure qu'il apprend à respecter et à admirer ce mystérieux assassin, Dexter réalise qu'il s'agit plus qu'un jeu entre eux : il y a un véritable message derrière tout cela. Que cherche-t-il à lui dire...?

Je vais d'abord lâcher le plus gros défaut de la série (mais qui, comparé aux autres séries US, n'en est pas vraiment un gros) : la tendance à vouloir "choquer avec des éléments déjà vus et mis en valeur sous un autre angle" est tellement systématique que Milady et moi avons bien compris qui était le tueur un épisode avant même que ça ne soit implicitement dit. Il y a pas mal de choses comme ça, par ci, par là... Mais ce n'est rien, vraiment. Parce qu'une fois qu'on a eu la confirmation, on est content de savoir qu'on a vu à travers les ficelles de l'histoire et que maintenant on ne va plus s'attarder là-dessus...

Je sortais juste de l'incroyable My Name is Earl, à l'opposé du spectre mais pas si éloigné finalement... L'histoire se révèle tout aussi travaillée, mais fascinante par son traitement inédit, le pari de nous faire aimer un personnage principal qui, finalement, n'est qu'un salaud qui savoure la mort de ses victimes... Mais il faut dire qu'à peu près au milieu de la saison, Dexter commence à arrêter son petit manège et à s'éloigner de cette image sulfureuse des premiers épisodes. Sans doute pour nous aider à rentrer un peu plus dans sa tête... Pour mieux nous faire comprendre son comportement des derniers épisodes.

Et là, je dois dire que les deux derniers épisodes nous en donnent pour notre compte. L'avant-dernier commence par nous révéler les origines psychologiques du comportement de Dexter... Je trouve déjà couillu de nous montrer un serial killer sympathique, mais alors nous montrer en plus qu'il a ses raisons à sa propre folie, si ça c'est pas déraisonnable ! Et on parle pourtant bien d'une série qui passe aux Etats-Unis, l'un des pays les plus exposés au phénomène des serial killers... Et le dernier épisode est une absolue réussite, qui prouve de façon flamboyante que, oui, le dernier épisode d'une saison conditionne largement l'impression globale qu'on se fait de ce qu'on a vu avant. Non content de répondre à quasiment toutes les questions de la saison 1 avec de l'action et énormément d'émotion (il y en a donc pour tous les goûts), cette conclusion se permet en outre de renforcer le sentiment d'emprisonnement mental du personnage principal, qui s'enfonce progressivement dans son propre délire non pas de persécution, mais de persécuteur incompris.

À ce titre, la scène finale est tout simplement hallucinante : Dexter s'imagine ce que serait sa vie si les gens savaient ce qu'il faisait, et l'approuvaient dans son action. Et le sentiment de joie profonde qui se dégage de la scène renforce d'autant plus le côté malsain de ce voyage à l'intérieur d'un esprit dont la fascination qu'il exerce sur le téléspectateur est à la hauteur du danger latent qui est en nous : qu'est-ce qui nous sépare d'un tueur en série si l'on commence à approuver ses méthodes et à lui pardonner ses exactions ?

Finalement, si Dexter est rongé par le fait de n'avoir personne à qui confier ses tourments, ce qu'il ne sait pas, c'est que derrière le petit écran, des millions de personnes sont prêtes à l'écouter. Arrêtons le massacre, nous sommes tous complices. Vivement la suite.
 

Balades virtuelles

Déjà un mois de silence sur le blog... Non, aucune raison spéciale à cela. Juste un p'tit coup de barre, comme ça arrive de temps en temps à tous les bloggueurs. À chaque événement dans mes journées, l'envie d'en parler sur le blog, et puis le temps d'arriver sur le PC, j'étais déjà passé à autre chose, ou en train de jouer à Two Worlds... Un sympathique petit RPG qui n'a malheureusement pas l'humour d'un Oblivion - Shivering Isles mais un gameplay beaucoup plus intéressant, ce qui compense un peu... Ah, mais on me signale que je ne suis pas en mode "jeux vidéo" mais "cinéma et séries télé", donc je ferme la parenthèse. J'en reparlerai sans doute le jour où j'aurai terminé Gothic 3 pour donner mon avis sur tous ces petits jeux à la durée de vie monstrueuse...

Je vais donc tenter de rattraper autant que faire se peut une partie du "retard" accumulé... Souhaitez-moi bon courage. Entre les voyages virtuels des contrées bucoliques de Two Worlds et ma balade en Provence, je fais aussi encore quelques promenades dans mon canapé ou dans les fauteuils de cinéma. Enfin, surtout dans mon canapé mais bon.

Pirates des Caraïbes 3 (vu la semaine dernière) m'a complètement séduit de bout en bout. Je crois que Milady et moi sommes les seuls à avoir ouvertement adoré cet ultime volet, voire à l'avoir préféré au premier.

Little Miss Sunshine (vu avec des mois de retard...), apologie de la lose (c'est Proust lui-même qui le dit, apparemment), est quant à elle une oeuvre attachante qui vaut bien la peine d'être vue mais trop prévisible et pas assez novatrice pour vraiment mériter d'être achetée en DVD... C'est vraiment la lose pour les producteurs, ça.

Le Diable s'habille en Prada part d'un bon concept mais s'enlise rapidement dans le déjà lu, déjà vu et déjà entendu. Le film entier est porté par Meryl Streep, une fois n'est pas coutume.

En tout cas, le bouquin a dû fortement inspirer la série Ugly Betty, elle-même adaptée d'une série colombienne un peu cheap... La saison 1 américaine est drôlatique et souvent touchante. Un succès bien mérité. On se souviendra surtout des deux "méchants" hauts en couleurs (voir photo), qui sont dépeints avec bien plus de malice que le personnage principal, qui ne démérite pas pour autant.

La fin de la saison 1 de Heroes était moins emballante, mais ça ne change rien au fait que cette série a démarré sur les chapeaux de roue et que c'est proprement génial de voir propulsé au rang de star un ancien animateur 3D chez ILM, reconverti acteur, et qui ne parle quasiment qu'en japonais sous-titré dans la série ! Triplement mérité, là, ne serait-ce que pour lui. Ah oui, et la saison 3 de Desperate Housewives vaut aussi le détour. Une première moitié dans la lignée des saisons précédentes, avec des mystères, des meurtres et autres délires, puis une seconde moitié plus calme, plus axée sur les relations entre les personnages... Les deux me conviennent très bien, merci les auteurs pour avoir osé écrire une série aussi délicieusement tordue !
 

« C'est moi l'crisse de fou... »

En ce moment je suis poursuivi par le Québec, le prog et l'année 1975. Plus précisément, plein de groupes de rock progressif qui ont sorti d'excellents albums en 1975 (Octobre, Sloche, Beau Dommage, Maneige, Morse Code et bien sûr Harmonium). Ce matin il a neigé. Bon, quoi de plus étonnant, finalement, qu'hier j'aie regardé C.R.A.Z.Y., un film québécois de 2005 qui se déroule majoritairement en 1975 et dont le héros écoute des monuments du prog anglais comme Space Oddity de Bowie et Pink Floyd ? Hein ? Je vous le demande.

Hormis cette délicieuse coïncidence (merci quand même à tinou pour son précieux conseil !), ce long-métrage est une chronique familiale douce-amère se déroulant entre 1960 et les années 80, et centrée sur la naissance et la jeunesse de Zachary. Son personnage est prétexte à aborder plusieurs thématiques : la croyance en Dieu, la recherche de son identité émotionnelle et sexuelle, et la relation entretenue avec sa famille. Quatrième d'une famille catholique de cinq garçons, on suit Zachary dans ses premières années où il est surtout marqué par l'omniprésence de la religion : il a failli mourir immédiatement par deux fois le jour de sa naissance (à Noël !). Ce petit miraculé apprend par la suite qu'il est capable de prodiguer des miracles en faisant s'arrêter le sang de couler et en soignant les brûlures. Lui n'y croit pas, nous non plus, mais sa famille a bien le droit d'avoir des ambitions pour lui, non ? La mienne a bien cru que j'étais un petit génie. En tout cas, Zachary lui, n'aime décidément pas Noël. La messe de minuit l'ennuie au plus haut point (il fantasme son envol vers les cieux tandis que le public de l'église chantonne Sympathy for the Devil !), et ces parallèles (jamais énoncés clairement dans le film) sur sa parenté à Jésus ne l'empêchent pas de recevoir systématiquement des cadeaux à côté de la plaque de la part de ses parents. Mon père, ce héros ? Sa relation avec lui est le point crucial du film.

A moins que ce ne soit... l'étonnement constant pour nos oreilles. Ahh, ces fameux accents québécois. Je remercie les auteurs du DVD à avoir pensé à sous-titrer les phrases les plus compliquées à décrypter, mais quelques questionnements sur la langue resteront là où il sont... Ce qui contribue probablement à l'aura de mystère de l'oeuvre. Tout comme la cruelle absence d'ambiances musicales pendant la majeure partie des scènes du film contribue grandement à augmenter l'impact des scènes accompagnées. Et se payer des extraits des stars de la musique des années 60-70 n'a rien de gratuit pour un petit film : près de 10% du budget y est passé... Soit dit en passant, je suis d'accord avec l'article dans le sens où les artistes québécois cités au début du billet auraient bien mérité une place dans le film ! Quant aux compositions originales, elles sont rares, et le générique de fin fait furieusement penser à un plagiat instrumental (et paradoxalement plutôt original) du Creep de Radiohead... Mais à part ces Anglais partis en roue libre depuis des années, qui viendrait s'en plaindre ?

Je ne décrirai pas plus avant le scénario, je ne ferais qu'en en dévoiler tous les tenants et aboutissants. Je me bornerai juste à dire qu'il y avait bien longtemps que je n'avais pas vu un script aussi bien écrit, et une mise en scène aussi inventive et léchée malgré un manque de moyens évident. L'histoire ne nous met jamais devant le fait accompli. Les petits détails font mouche, et c'est presque une enquête policière qu'on ouvre soi-même pour comprendre à quel point les nombreuses références christiques sont adaptées à l'évolution mentale du héros : Noël, mort et renaissance, miracles espérés, crucifix, Jérusalem, relation entre Jésus et ses apôtres, la marche dans le désert, les pas dans le sable et dans la neige, j'en passe et des meilleures...

La thématique religieuse du film, si elle est probablement la plus finement exploitée, tire sa révérence devant la beauté poignante de la relation entre un père et un fils qui ne se comprennent plus, qui s'aiment mais ne savent plus comment se le dire. Ils sont l'âme du film, qui se fond avec une élégance confondante dans l'évolution culturelle et sociale du Québec des années 60 et 70. L'auteur oppose par exemple les univers musicaux entre eux (Aznavour et Patsy Cline contre Stones, Bowie et Floyd) pour finalement montrer que les émotions musicales ressenties sont les mêmes, quelle que soit la musique que l'on écoute. La différence entre les générations, là aussi culturelle et sociale, est-elle palpable ou imaginaire ? CRAZY donne un début de réponse flamboyant à cette éternelle question...
 

Gandahargghh

Acheté cette semaine, le DVD de Gandahar. Je pense qu'il s'agit d'une première édition, vu que j'ai passé des années à le chercher sans succès. Difficile pendant longtemps de trouver les films de René Laloux en France... Un comble ! Ce regretté génie de l'animation m'a fait rêver avec ses deux premiers films, le puissant La planète sauvage (illustration ci-dessous) et l'émouvant Les Maîtres du Temps. Les deux bénéficient notamment d'une bande son exceptionnelle (pour le premier, elle est trouvable en CD, recommandé par la maison, que voulez-vous, les années 70 tout ça).



Je ne veux pas faire un long discours sur Gandahar, que je n'ai vu qu'une fois dans ma jeunesse et dont je me réserve le visionnage pour dans pas longtemps j'espère. J'ai juste aperçu à l'instant dans le livret du DVD qu'il existait un film-pilote de Gandahar, réalisé en 1977, dont la musique est, dixit Fabrice Blin, "inspirée du style de Brian Eno". Le monsieur, si vous ne le connaissez pas, est le pape de l'ambient music, qui a fait ses premiers pas avec Roxy Music dont le premier album était résolument prog-rock. Par la suite, Brian Ferry ayant choisi de donner une direction plus commerciale à son groupe, Eno en est parti pour aller travailler avec des gens sympathiques comme un certain David Bowie. En un mot comme en cent : est-ce que quelqu'un sait où je pourrais trouver ce satané court-métrage ?

Non ? Bah, c'est bien ce que je pensais. Au moins, ça fait un billet sur René Laloux. Ca vous inspirera peut-être des commentaires instructifs (allez, au boulot les jeunes). Bonne nuit. (Scrogneugneu...)