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« Tout le monde sait comment on fait les bébés, mais personne sait comment on fait des papas. » (Ah, Stromae, grand poète du XXIème siècle.) Si vous avez la réponse, je suis preneur. Pour ma part, je pense qu'il était naturel de ressortir mon vieux blog du grenier, pour y annoncer à mes amis que Milady et moi serons donc parents au mois de juillet prochain. Je m'attends à ce que ma vie de geek en soit quelque peu chamboulée. Mais bon, à 39 ans, il était peut-être temps de préparer la relève, non ?
Note : cet article daté de 2011 était censé être illustré, mais voilà, je n'en ai eu ni le temps, ni la motivation. Donc je le republie ici, là où il était censé être. Quant à Naologismes, je reste fier de ce joli blog que j'ai maintenu pendant des années. Après mon article sur Princesse Arete, cependant, je me suis bien rendu compte que mes propres exigences pour publier un nouveau post étaient devenues trop élevées, et j'en suis resté là, me concentrant sur l'écriture de Wedge principalement. Voilà, cet article est donc là parce qu'il a toujours eu vocation à y être ! À bientôt pour de nouvelles aventures... Je viens de me payer une séance du film du Professeur Layton (Eternal Diva), et je me suis régalé. Je n'ai jamais joué aux jeux mais l'univers m'intriguait, je me suis donc dit que ça serait une bonne porte d'entrée sur celui-ci. Je crois que j'ai fait le bon choix, je recommande chaudement ce petit spectacle. Pourtant, pendant tout le film, je n'ai pas pu m'empêcher d'être titillé par un détail, et ce dès les premières minutes. Je sentais au fond de moi l'influence de Miyazaki, et particulièrement de ses premières oeuvres. J'aurais dû me douter que chez Level 5, les auteurs des jeux Layton, ils étaient fans de Ghibli puisqu'ils ont collaboré avec eux sur le jeu Ni no kuni. Mais même en regardant le générique de fin, un nom de studio m'a sauté aux yeux. Parmi les intervallistes ainsi que les décorateurs, on remarque la présence du studio Telecom Animation, une filiale de la TMS chez laquelle Miyazaki a fait ses premières armes comme réalisateur -- notamment Sherlock Holmes et... Lupin 3. Bougre de bon sang ne saurait mentir, me voilà sur une piste. Alors pour la suite, je ne vais pas me repasser les deux films au ralenti mais je vais tenter de me souvenir à peu près de ce qui m'est venu à l'esprit. Au tout début, Layton est avec ses amis à bord d'une voiture rétro minuscule, et arrive dans une ville typiquement "vieille Europe" au bord de la mer. Ça, c'était dans le Lupin ! Layton va vite se retrouver prisonnier sur un bateau à devoir y résoudre des énigmes. On y fait la connaissance d'un inspecteur de Scotland Yard (non, ce n'est pas Zenigata, ou presque), visiblement increvable et que rien n'arrêtera dans tout le film. Un comic relief qui rappelle franchement un mix entre Jigen et Zenigata, encore du Lupin donc. Après quelques péripéties, le voici sur une île déserte, à se prendre un peu de bon temps sur la plage puis, poursuivi par des loups, il s'enferme dans une cabane où il trouve divers outils de bricolage et se fabrique en quelques minutes... Un autogire ! C'est-à-dire un hélicoptère miniature à l'air libre. Là, c'est carrément plus fort que McGyver. Ce qui nous intéresse, c'est qu'il s'envole ainsi en compagnie de son apprenti et de son invitée, en direction d'un château. N'en jetez plus, la coupe est pleine : les autogires, ça ne court pas les rues, et où est-ce qu'on en voit un, déjà..? Ah oui, dans Cagliostro. Lupin ! Plus fort encore, au moment d'atterrir, l'animation, très réussie par ailleurs, rappelle une nouvelle fois le style Miyazaki/Kondô dans sa dynamique. Bon allez, on va finir par y entrer dans ce château... Après une dernière énigme, une jolie participante est enlevée (Lupiiin !) par le "méchant", Descole, qui se trouve être masqué et costumé, avec une cape très classe. Comme Cagliostro ! Lupiiin ! Layton se précipite pour la libérer (Lupin !), et quelques minutes plus tard, après avoir démêlé les fils astucieux de l'intrigue, notre méchant s'intéresse finalement à l'invitée de Layton. En effet tenez-vous bien, son but caché était de ressusciter une ville endormie sous leurs pieds. Cagliostro voulait faire de même pour en récolter le trésor, Descole quant à lui cherche à leur voler le secret de l'immortalité. Il a déchiffré un vieil emblême (Lupin !) et compris qu'il devait associer son intelligence et la mémoire de la jeune fille (comme le mariage dans Lupin), afin de déclencher le processus de résurrection. Lupin Lupin Lupin Lupiiiiin ! (Lancer ici la musique jazz.) Bon, il n'est pas question ici de sacrifice, mais la jeune fille se plie à la requête, entame une chanson pendant que le méchant masqué joue de l'orgue (j'ai l'impression d'avoir vu cet orgue dans Cagliostro mais je n'en mettrai pas ma main au feu). Et là, paf ! Raté, ça ne marche pas. Lupin, m'entends-tu ? S'ensuivent quelques scènes d'action d'un bel acabit, où l'on retrouve l'apprenti en train de courir sur les rouages d'un robot géant en s'inspirant visiblement de la légèreté de Lupin lui-même sur les toits du château de... Cagliostro. À ce stade du film, la coupe a débordé depuis vingt minutes, on patauge dans l'eau et on sourit bêtement en constatant que la formule marche bien sur ce film. Alors bien sûr, Lupin, pardon Layton, finit par entamer un duel avec Descole au sommet du robot mécanique. Je précise "mécanique" parce que dans Cagliostro, il y avait un duel similaire au sommet de la tour du château, sur les rouages de l'horloge géante. Descole finit par chuter avant de voir son rêve se réaliser. Cagliostro, de son côté, s'était fait écraser dans une scène mémorable entre les deux aiguilles de l'horloge, là aussi quelques secondes avant l'apparition de la ville. Et dans les deux films, c'est pareil : la ville était engloutie au fond de l'eau (style genre on n'avait pas remarqué les ruines sous l'eau, hein ? On n'avait pas que ça à fiche, non plus ?), et dans les deux cas, il n'en ressort que des ruines délavées. Les rêves brisés du méchant qui de toute façon n'est pas là pour le voir, et la joie pour le héros d'avoir sauvé la demoiselle en détresse. Tiens, d'ailleurs Layton dit à un moment donné du film que c'est le rôle de tout gentleman que de sauver ladite demoiselle. C'est un peu ce que Lupin dit aussi dans Cagliostro, sans compter que son illustre grand-père se qualifiait déjà de gentleman. Bon, je saute l'épilogue et j'en arrive directement au générique de fin, qui montre des plans séquence de tous les personnages du film et de ce qui leur arrive. Ca rappelle un peu Nausicaä, et surtout Totoro, bien que ça ne soit pas non plus particulièrement original. Mais bon, quand comme je l'ai dit on voit s'afficher le nom de Telecom dans les crédits juste en dessous, le doute n'est plus permis... Et donc, à ce stade du film, je me suis dit que tous ceux qui avaient vu les deux films avaient dû se jeter sur leur clavier pour en faire un comparatif. Je n'ai rien trouvé de tel, juste une seule et unique référence à Cagliostro dans une courte critique de Layton. Mes amis, je crois que la culture, c'est comme la confiture, plus le temps passe et moins il y en a.
Samedi dernier, Argenteuil. Soirée spéciale avec diffusion de Princesse Arête et Mai Mai Miracle, en présence de leur réalisateur, Sunao Katabuchi, un ancien du studio Ghibli. En tant que fan furieux d'Arête (sur lequel j'aurais tant à dire, mais toujours autant de flemme), je me devais d'y être. 18h15, toujours rien, la billetterie est en panne et le film précédent est en retard. Il y avait une trentaine de personnes à tout casser (c'est peu, et surtout des enfants venus avec leurs parents, aucun impact des sites spécialisés japanime), Katabuchi était présent dans la file, avec Ilan Nguyen et le sympathique organisateur du festival. Milady est allée se taper la discute avec eux (parce que chuis timide et que j'aurais pas osé sinon), et je l'ai rejointe. Le film commence vers 18h30... Moi j'étais venu pour voir une copie 35mm du film, que ce soit en français ou en anglais, ou même en raw, m'en fichais pas mal. Au final, "On n'a pas pu avoir les bobines, donc on vous a fait un DVD"... Ah ouais, super. Donc au final, on a fait une heure de route pour voir une image est très nettement inférieure au fansub anglais (!!) qu'on trouve en deux secondes sur tokyotosho, avec une bande bleue à droite de l'écran qui gênait [1], bref ça commençait mal... En plus, ils ont mis trois plombes à trouver le bouton Play du DVD (sic, l'interface était visible à l'écran), le film a commencé sans le son (!) et en 4/3 (image compactée), ils l'ont ensuite relancé en 16/9 mais sans les sous-titres, puis finalement ils ont pensé à monter le son et à remettre les sous-titres... Environ 2mn du film étaient passées, et il ne leur est pas venu à l'esprit de remettre le film au début, bien sûr. Ensuite, régulièrement pendant le film, on voyait apparaître un timecode (si si, comme si on ouvrait un fichier SRT en texte...), avec le sous-titre suivant qui se retrouvait mélangé avec le précédent (et donc, pas de sous-titres pour la phrase suivante). Le pompon, c'est au milieu du film quand tout d'un coup un sous-titre s'est bloqué pendant une conversation... Moi je me concentrais pour écouter la VO et essayer de traduire en temps réel à Milady (euh pas facile quand même...), quelqu'un derrière a gueulé "ça marche plus !", puis c'est revenu... Franchement, ça sentait le travail d'amateur (dans le mauvais sens du terme) de long en large. Triste constat, le film n'a pas eu le centième du traitement royal qu'il méritait... À la fin de la séance, ma voisine s'est exclamé, "Ouf, c'est pas trop tôt !"... Une bonne partie du public s'est éclipsée avant même les questions au réalisateur. Il faut croire que Princesse Arête ne fait pas l'unanimité, mais qui ça surprendra, dans des conditions pareilles...? En fait, la majorité du public était composée de parents qui emmenaient leurs enfants voir un film avec une princesse. J'ai pas osé les prévenir avant la séance parce que vu qu'il n'y avait déjà pas grand-monde, je voulais pas que la salle soit désertée, et autant laisser une chance aux enfants de voir un putain de chef-d'oeuvre... - Bon, ensuite les questions au réal... Avec Ilan Nguyen à la trad'... Quelques questions intéressantes du public, une question d'un otaku barbu qui était visiblement obnubilé par un syndicat d'animateurs (je vois pas le rapport), quelques questions de moi aussi... D'abord une question compliquée... Pourquoi le film est-il si différent du bouquin original, qui était une oeuvre ouvertement féministe ? On a l'impression que le film est post-féministe, que l'on accepte de facto que la femme est forte, et qu'on s'intéresse plutôt à la condition de l'emprisonnement. Arête est prisonnière de son père puis du magicien Boax ("Boox" en VO STF, on sent la profondeur du travail de recherche), la grenouille est prisonnière de son corps d'humain et n'aspire qu'à redevenir grenouille (ça j'ai oublié d'en parler au moment où j'ai posé la question par contre), ou encore Boax qui est prisonnier de ses 2-3 tours de magie alors qu'il aimerait pouvoir en connaître plus mais que c'est impossible. Il a répondu que le projet n'était pas de lui à la base, et qu'il avait repris le film en main pour essayer de le sauver [2] En écrivant le scénario, il s'est posé la question de savoir comment un homme pouvait adapter une oeuvre féministe. Il a donc décidé de partir sur autre chose, non pas l'état d'emprisonnement comme je le pensais, mais quelque chose de plus général dans son oeuvre, le fait de chercher un sens à sa vie. Il est vrai qu'Arête redevient "normale" en se souvenant du jour où elle a montré avec conviction qu'elle croyait qu'elle avait un sens. Boax, lui (d'après Katabuchi), est persuadé que sa vie a un sens, mais Arête va lui prouver que non et il va découvrir ses désillusions. Je vous avouerai que je préférais mon interprétation, mais pourquoi pas. Dans le film suivant, la thématique de "l'imagination qui permet de s'enfuir d'une vie déprimante" revient également au tout début (en fait c'est même le concept de base de la première demi-heure, jusqu'à ce que le film s'embourbe). À la fin, j'ai posé une question naïve mais finalement bienvenue : "Au final... Vous êtes content de votre film ?" -- Et là il est parti sur une longue réponse pleine de passion. Il a répondu qu'il avait revu ce soir le film pour la première fois depuis des années, et que ça l'avait surpris. D'un côté, il passait son temps à pester contre des défauts de réalisation selon lui ("j'aurais dû mettre plus d'herbe dans ce plan", par exemple), mais de l'autre, il pense que le film voit juste dans son propos. Je suis totalement d'accord avec lui -- en fait, j'aurais même tendance à dire que c'est quelque chose qu'on ne retrouve pas dans un Mai Mai Miracle à la thématique moins claire. - Bon, après, court entracte, me suis retrouvé seul devant Katabuchi à essayer de lui dire en japonais qu'il était un de mes réal préférés, je suis parti (je sais pas pourquoi, le trac ?!) sur le fait que mon autre réal préféré était Shigeyasu Yamauchi, "Vous connaissez ? - Non, jamais entendu parler... - Ah bon... Pourtant il a travaillé chez Mad House... [3] - Oui mais vous savez, Mad House c'est très compartimenté." Bon, je suis rentré un peu bête de m'être rappelé à quel point je suis nul en oral en japonais, et en prime j'ai raté le début de MMM. - MMM je vais la faire court : la copie du film était nickel, rien à redire sur quoi que ce soit, c'est juste que le film ne raconte rien de très intéressant... La séance de questions par la suite a expliqué un peu. Le bouquin d'origine est assez fidèlement adapté contrairement à Arête, il est constitué en grande partie d'anecdotes sur la jeunesse de l'auteur (Nobuko Takagi). Le film se déroule à Hôfu en 1955. Il y avait dans la salle un journaliste d'Hôfu qui venait faire un reportage sur la diffusion, c'était marrant. Katabuchi a beaucoup parlé de la ville, notamment du fait qu'elle avait une dizaine de cinémas maintenant, et plus qu'un aujourd'hui, il a parlé du fait que son grand-père tenait un cinéma et qu'il allait souvent voir les films en cachette (avec l'histoire de la tortue, c'est l'une des deux anecdotes "tranche de vie" du film qui viennent de Katabuchi lui-même et non de Takagi), etc, etc. Enfin bref c'est très intéressant mais ça m'a pas vraiment touché je dirais... [4]Mai Mai, ça parle donc de l'amitié d'une bande de copains/copines, qui se retrouvent dans des situations comiques (les deux filles qui mangent des bonbons alcoolisés, la scène la plus drôle du film, mais qui paradoxalement nous apprend que la mère d'une des deux filles est morte, contrairement à ce qu'on pensait), et les mettent face à des drames plus ou moins grands : la mort d'un poisson rouge (qui ressuscite à la fin, cherchez pas à comprendre, il a envoyé en touche quand quelqu'un a posé la question), la mort du père d'un des personnages (la scène où son fils cherche à le venger est touchante), puis d'encore un autre personnage, puis le déménagement de l'héroïne... Arrivé à la fin du film, j'avais l'impression d'avoir surtout vu des enfants confrontés à la dureté de la vie, et qui s'en échappent par l'imagination (constants flashbacks de 1000 ans dans le passé où les personnages se mettent en scène). Idée inspirée par le débat sur Arête, évidemment... Que dire d'autre ? Katabuchi lui-même reconnaît que son film a fait un bide au Japon. Il est sorti dans un nombre de salles ridicules (vous vous souvenez du sort réservé au Tenkai ?), et il compte beaucoup sur le bouche-à-oreille pour la survie du film dans les circuits. Quant à moi j'ai posé cette question pendant le débat (et juste ça parce que je voulais pointer du doigt toutes les références à Arête [5] mais il faut pas trop pousser quand même, j'en demandais beaucoup à Ilan) : le fil, qui entre parenthèses est techniquement super réussi, ressemble à s'y méprendre à une production Ghibli. En plus de ça, il y a une scène (la petite soeur qui est perdue et qu'on cherche à retrouver) qui rappelle Tonari no Totoro (avec en plus le fait que les petits s'inquiètent pour leurs parents), il y a le côté "tranches de vie nostalgiques" qui rappellent Omoide Poro Poro... Est-ce que le fait de revenir à un style Ghibli représente pour vous une manière de montrer votre propre nostalgie ? (Je voulais aussi parler du fait qu'il y avait beaucoup de points communs avec d'autres films "inspirés graphiquement de Ghibli" sans être des Ghibli, comme Junkers Come Here! ou Ushiro no shômen daare...) Réponse, donc : "Non, pas vraiment. En fait c'est plutôt une référence à la série Heidi de Takahata. A la fin du dernier épisode, Heidi reçoit une lettre de Clara qui lui annonce qu'elle a réussi à courir [6]. J'ai voulu faire un film qui raconte une histoire d'amitié comme dans Heidi, et qui se termine par les enfants qui courent, parce que ça m'a frustré de ne pas la voir courir." Parfois, il suffit de peu... Voilà, pour le reste il y a eu d'autres infos intéressantes mais je n'ai pas pris de notes, et j'ai un peu oublié. Après la fin du débat (il était 23h passées, le film avait pris beaucoup de retard, ayant commencé à 21h), je suis retourné voir Katabuchi pour me faire dédicacer mon livre d'Arête (qui est super moche, mais c'est pas grave, j'avais pas le CD sur moi), et il nous a gentiment offert, à Milady et moi, les deux badges Mai Mai qu'il avait montré pendant le débat en expliquant que c'étaient des fans japonais qui avaient "spontanément" fabriqué et offert ces badges pour aider à la promotion du film après l'avoir vu. Merci monsieur pour cette belle soirée stimulante !
Et voilà, c'est la fin du cycle télé de Kaamelott, la fin d'une époque, la fin d'une attente de six mois après la diffusion au Grand Rex des six premiers épisodes... Du 100% inédit pour moi, et une excitation permanente. Attention, le reste du billet spoile à mort. Littéralement. Quoi de mieux que de voir ces épisodes le jour d'Halloween, quand les morts sortent de leur tombe, et qu'Arthur sort de la sienne... Et le lendemain, on les célèbre. Dont acte. Premier contact avec Excalibur... | Premier contact avec Excalibur... |
Quel bonheur que cette fin ! Les deux derniers sont vraiment époustouflants. On voit Arthur évoluer d'un seul coup en chef affirmé, voire antipathique. On le sent bien parfaitement désabusé par la découverte de l'inculture crasse du peuple breton. Après le raffinement romain, il ne se découvre que peu d'atomes crochus avec eux. Mais c'est un peuple qui ne connaît pas la décadence, au contraire il est changeant, on peut en faire quelque chose, tailler ses forces dans les brutes, tailler son diamant dans le brut. Mais si ces Bretons sont promis à un grand avenir, le chemin qu'il leur faudra parcourir est bien plus long que celui de Rome, qui ne semble jamais qu'à deux pas (un tour à la plage et ça y est, on y est). Arthur réalise ainsi que la mission qu'il s'accapare est d'autant plus difficile qu'elle est noble : il va devoir être froid et déterminé, et perdre son innocence dont la profusion parmi les Bretons l'empêche d'abuser lui-même. Un passage à l'âge adulte qui s'entérine à sa première mort à la fin de l'épisode 8, celle de César, celle de son ami Ménilius, celle de ses espoirs avec Aconia... Une trinité maligne qui fait aussi le parallèle avec la fin du livre V en nous montrant finalement ce qui l'a... "inspiré", le propre suicide du César. Alors oui, j'espérais qu'on verrait Caius monter en Angleterre : tant pis. J'espérais qu'on aurait une autre explication à l'absence de Ménilius dans la série "moderne" : double, triple tant pis. Il fallait bien se douter de son sort, il est juste triste qu'il ne soit plus mentionné par la suite. Tchéky Karyo est absolument gâté par cet épisode. La sympathie véhiculée par son personnage depuis le premier épisode prend toute son ampleur ici : il n'incarne plus la vieille garde romaine attachante parce que désabusée, il représente tout ce qu'Arthur avait déjà perdu au moment où il commençait seulement à rêver de ces lendemains chantants avec Aconia... Quelle claque ! Totalement inattendu pour moi. Et c'est probablement aussi le respect que lui porte Arthur qui l'empêche d'aller lui voler sa donzelle en Macédoine. L'épisode 9 est à mettre au niveau d'un Intersections in real time (Babylon 5 saison 4), et autres merveilles télévisuelles uniquement attachées à l'unité de lieu et d'action. 90% de l'épisode se passe dans une petite pièce exiguë, avec un Arthur perpétuellement entre la vie et la mort, et visité par de vieux amis, eux-mêmes vivants ou morts. L'occasion par exemple pour AA de nous rappeler qu'il a bel et bien l'intention de nous donner l'histoire de Mordred, avec une Morgane qui se rend à son chevet pour lui annoncer qu'il couchera avec elle, consciemment ou non. Et quand il raconte un de ses rêves (à qui d'autre que ce benêt de Perceval !), on se rend compte de la puissance évocatrice du suicide d'Arthur (il a inconsciemment créé son propre Graäl !) et de la maturité du discours religieux... Finalement, Kaamelott, la série progressiste qui raconte le passage de témoin entre les rites païens et le christianisme, nous montre que le symbole royal dudit christianisme reproche à Jésus de faire son beurre, ou son règne, sur la culpabilisation des croyants ! Alors là, comme vous le savez peut-être je suis passionné par Jésus, et franchement ça m'a fait un coup parce que j'avais vu la construction du mythe chrétien sous toutes ses coutures, mais jamais sous cet angle ! Rien que pour ça, cette saison 6 malgré ses défauts (structure parfois trop linéaire, parfois l'inverse, difficulté de l'équilibrage entre le drame et la comédie...), vaut largement la 5 à mes yeux ! « Bientôt, Arthur sera de nouveau un héros » | « Bientôt, Arthur sera de nouveau un héros » |
Je terminerai juste en commentant rapidement la fin : en introduction, un Arthur à la barbe de trois kilomètres, penché comme un bossu, boîtant péniblement en haillons dans les rues de Rome... Les grands hommes se doivent de rétablir la dignité des faibles. Ayant touché le fond, notre roi est lui-même à la recherche de sa dignité. Arrivé à la villa Aconia, morte de l'intérieur mais si pleine de souvenirs, il y retrouve le dernier souvenir de son amour. Est-ce que la robe rouge-sang d'Aconia représente pour lui son Rosebud, son "Graäl positif" ? Est-ce que c'est dans ce nouveau Graäl qu'il a trouvé le sang qu'il n'arrivait pas à reconstituer en lui ? Parce que ce sang-là n'est pas tâché par les péchés du monde, et qu'il représente finalement une certaine pureté, celle qu'il a gardée toute sa vie pour Aconia, alors même qu'il savait ne jamais la revoir ? C'est en tout cas la seule explication plausible pour expliquer qu'alors que la situation s'est empirée comme jamais (sa némésis de la saison 5 est de retour, plus renforcée que jamais), Arthur reprend ainsi goût à la vie. Ou peut-être est-ce simplement parce qu'après avoir été le faible lui-même, le fait d'avoir retrouvé un peu de chaleur lui a rappelé sa mission première ? Juste un mot sur la musique de cette scène. L'air de rien, c'est la première fois ici qu'une musique de fond n'est pas signée d'Alexandre Astier. Et je n'avais aucun souvenir de cette musique de Jo, auquel son acteur principal est finalement dédiée l'entièreté de la série. Trippante comme on savait le faire à son époque, rappelant les expérimentations du style Morricone en vogue à l'époque (voir Polnareff dans La folie des grandeurs, encore un De Funès, ou Christophe dans Sur la route de Salina). Du coup, on se dit que cette scène est également une référence directe à Kill Bill (Arthur qui s'entraîne à l'épée, la rupture du quatrième mur...) Je comprends mieux le commentaire de Générique(s) à ce sujet dans son interview d'AA !
Hop, ça mérite un nouveau billet ça... (L'occasion de rappeler que je suis toujours bien en vie, aussi.) Lu dans CanardPC qui recommandait une web-série en précisant qu'elles sont rares, les séries du genre à les faire marrer... Hors pour moi c'est un peu pareil, il n'y a que Dr. Horrible qui m'ait vraiment convaincu. Donc j'ai essayé Le Visiteur du Futur. CanardPC dit que ça leur fait un peu penser à Doctor Who, rien de surprenant : le personnage principal est un sosie de David Tennant, il porte une redingote et gigotte comme un goth fou lui aussi. Mais c'est plus un hommage respectueux qu'une parodie ou qu'une tentative de copier, parce que LVDF a vraiment son univers et son style à lui. L'autre perso principal, "Raph", est joué cette fois par le Frank Whaley français. Bon, lui il est moins connu mais c'est à tort (c'est un de mes chouchous du cinéma US). Le pitch : un visiteur du futur intervient régulièrement dans la vie de Raph' pour le prévenir que s'il fait tel ou tel truc (épisode 1 : jeter une canette dans une poubelle, épisode 2 : manger une part de pizza avariée...), il déclenchera une série d'événements qui conduiront à la fin du monde ou équivalent. Après un 4ème épisode qui s'amuse déjà à pervertir le concept et qui est très drôle, on rentre vraiment dans le vif du sujet avec l'introduction de la "Brigade du Temps", qui cherche à intercepter le visiteur. Le scénario se complexifie, il y a quelques acteurs supplémentaires (la fille est très douée), et on se prend à se manger les 13 épisodes disponibles en une demi-heure. Chaque capsule fait entre 2 et 4 minutes (forcément), ce qui nous donne un format proche de celui de Kaamelott. Et je n'ai pas peur de le dire, c'est peut-être bien la première fois depuis les débuts de Kaamelott que je vois un programme court qui pourrait faire honneur à K. en le remplaçant à la télévision dans sa case classique. C'est vraiment, vraiment futé et drôle, parfois hilarant. Le site officiel : http://www.levisiteurdufutur.com/Pour voir les épisodes, c'est par ici : http://www.frenchnerd.com/pages/Visiteur-1327124.htmlIls en sortent apparemment un tous les 15 jours, vite vite que je trouve le flux RSS
J'aurais pu appeler ce billet "Je ne sais plus qui je joue", en référence à un autre de mes billets populaires, mais c'est déjà assez compliqué comme ça... Alors voilà, ce n'est pas honteux, je vous le dis de go, je suis nul aux jeux de plate-formes. Tellement mauvais que je n'ai jamais dû dépasser le niveau 2 à Super Mario, et que je n'aurais jamais pu terminer le RPG Xenogears (le meilleur scénario de jeu de tous les temps, alleluia) si je n'y avais pas joué sur émulateur, pour pouvoir sauvegarder juste avant un saut horriblement compliqué à faire à l'entrée d'une tour. Ah mes aïeux, que de souvenirs. Donc je disais, je n'ai aucune patience et encore de coordination manuelle pour ces bizarreries. Et surtout, peut-être, je n'ai jamais compris la logique qui sous-tend le fait d'avancer, de sauter sur la tête de petits monstres et de récupérer des clés. Bon, ben c'est exactement le concept de Braid, le dernier jeu de plate-formes à la mode. Et j'y ai joué, à ce truc. Non. Si. Non. Bon, j'ai lâché mon pad au bout d'une heure parce que ça commençait à devenir pénible, mais j'ai quand même tenu pendant presque deux mondes. Un exploit pour moi. La raison à ça, un article dithyrambique dans le dernier Canard PC, accompagné d'une note de 10/10, la première il me semble (ou du moins la deuxième) depuis la naissance du mag'. J'ai forcément été intrigué par les promesses d'un jeu qui redéfinit le genre et pose de nouvelles bases pour le futur de par son scénario. Bon, alors je l'ai lancé. C'est comme Super Mario en effet, il est petit, il court après une princesse dans des mondes qui se terminent systématiquement par un château, mais il est roux, il est en costard et quand il arrive devant la porte, un petit monstre en sort pour s'excuser : "ah non, elle n'est pas dans ce château-ci". Ah bon. Merci du renseignement. Alors on continue, on s'extasie devant les nombreuses idées originales du jeu (on peut "rembobiner" l'action en temps réel, éliminant le concept de mort mais permettant du coup à l'auteur d'imposer une grande précision dans les actions), et à chaque monde on en rajoute une couche. Des objets qui résistent au rembobinage (vous prenez une clé immunisée, rembobinez, hop, vous êtes revenu au début du niveau mais vous avez toujours la clé sur vous), des niveaux dans lesquels le temps s'écoule à l'endroit quand vous avancez vers la droite, et à l'envers quand vous avancez vers la gauche (amusez-vous à imaginer le truc), et dans le dernier monde, le temps se déroule à l'envers en permanence, et à l'endroit quand vous le rembobinez. Un héros, un méchant, une princesse... Trois possibilités. | Un héros, un méchant, une princesse... Trois possibilités. |
Voilà pour le concept... Le graphisme est beau, enchanteur même, avec son côté peinture champestre, des effets de couleurs sur l'herbe ou le soleil, le sens du détail est impressionnant. Ou impressionniste si vous voulez. La musique est tout aussi réussie, voyez les vidéos plus bas. Ce sont elles qui m'ont permis de "terminer" le jeu, quoique d'une manière nettement moins glorieuse qu'à la roots, mais ça va, j'ai une vie quand même. Et même sans y jouer moi-même, j'y pense encore au point d'en parler ici. Mais pourquoi tant d'amour ? Pour un simple détail du scénario. Je vous explique. Au début de chaque monde, on passe devant une série de livres qui contiennent de beaux textes écrits dans un style littéraire prononcé, et qui nous mettent en bouche pour les concepts du monde à venir. Ainsi, la petite amie du héros l'aurait quitté parce qu'il lui aurait fait un sale coup, et qu'elle n'arriverait pas à l'oublier. Mais comment est-ce possible, puisque notre héros Tim peut, comme son prénom l'indique (ajoutez-y un noeud), manipuler le temps à sa guise ? Et d'ailleurs, pourquoi commence-t-on dans le deuxième monde et pas le premier ? Où est-il, ce premier ? Mais à la fin, bien sûr. Le dernier niveau est aussi le premier, celui qui précède le début de l'aventure. Alors on joue en boucle ? Oui, sauf si l'on arrive, à force d'abnégation et de patience, à débloquer un élément qui permettra enfin au héros de rejoindre sa princesse... Et de confirmer la vérité qui se cachait déjà dans ce fameux dernier niveau. Si vous n'avez pas l'intention d'y jouer, je vous renvoie donc vers cette vidéo du dernier/premier niveau du dernier/premier monde... Tim retrouve enfin sa princesse, capturée par un Donkey Kong en armure, qui descend de sa liane et perd son contrôle. Elle s'enfuit, appelle à l'aide, le méchant lui intime de redescendre ("come down here!"), puis elle se met à courir... Tim est juste en dessous, il essaie de la rejoindre, nombre d'obstacles se dressent sur sa route, heureusement la princesse l'attend à chaque fois pour tirer sur le levier qui lui laissera le chemin libre. Fin du niveau... La chambre de la princesse. Tim peut enfin la retrouver. Il s'approche et... Le temps se fige. Le jeu commence maintenant. On ne peut plus rien faire, sauf rembobiner le niveau jusqu'au bout, et assister, médusé et ébloui, à la véritable introduction. Alors oui, il y a un épilogue, qui nous explique en texte que tout cela n'est qu'une métaphore du Projet Manhattan, c'est magnifique, mais pour ma part, c'est ce dernier niveau qui m'aura marqué. L'histoire complète, du moins une version possible, est trouvable ici. Un walkthrough complet commenté en vidéo HD est disponible là (dans le désordre). Le premier monde visité se regarde en HD là, et le dernier en deux parties avec épilogue ici et là. Bon, ben merci YouTube et merci à ceux qui ont pris ces vidéos, c'est comme si on y était !
Et hop, un placeholder de plus pour centraliser les discussions sur la Naine Rouge... Après plus de dix ans d'une absence intolérable, le nouvel épisode (3x25mn) de la série la plus drôle d'outre-Manche arrive ce week-end, et je sens que je vais me replonger avec délice dedans... Il suffit de voir la nouvelle hologrammette qui passera dans les épisodes... On est quand même un cran au-dessus de la Kochanski, là. Attention aux spoilers : ce lien propose les synopsis (des résumés succincts, donc) des trois épisodes de cette arlésienne. Alors forcément, le premier n'est pas très spoïlant, mais les suivants le sont un peu plus.
Parfois, dans la vie, on se dit qu'on a bien de la chance. Par exemple hier, j'avais envie de manger un cheeseburger, et ça tombait bien, il y en avait un dans le congélateur. Ah oui, et aussi, j'ai vu, en compagnie de Damien, les six premiers épisodes de la saison 6 de Kaamelott, à l'avant-première au Grand Rex. Il n'y a guère d'autre mot : c'était exceptionnel. Cette saison est très différente des précédentes. A.A. est clairement devenu l'un des meilleurs réalisateurs de sa génération, combinant un sens inné du rythme avec des envolées lyriques rappelant la saison 5. On rit beaucoup (on a même droit à un DTC, si si !), on découvre les us et coutumes de la Rome vieillissante, et on partage des tranches de vie souvent touchantes. On fait la connaissance de nombreux nouveaux personnages, géniaux pour la plupart, on apprend la "vérité" sur la raison pour laquelle Karadoc aime autant la nourriture (et elle est vraiment surprenante !), et surtout, surtout, ça a franchement épaté toute la salle entière : la raison pour laquelle Arthur n'a jamais touché Guenièvre ! Non, je n'en dirai pas plus... J'ai envie de me replonger dans cet univers-là, à cheval entre les clodos de Bretagne et la décadence romaine. On a l'impression que chacun de ces peuples est conscient de ses propres limites, de sa propre destinée. (Reste 2144 caractères)
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