Kaamelott, fin et commencement...

Et voilà, c'est la fin du cycle télé de Kaamelott, la fin d'une époque, la fin d'une attente de six mois après la diffusion au Grand Rex des six premiers épisodes... Du 100% inédit pour moi, et une excitation permanente.

Attention, le reste du billet spoile à mort. Littéralement. Quoi de mieux que de voir ces épisodes le jour d'Halloween, quand les morts sortent de leur tombe, et qu'Arthur sort de la sienne... Et le lendemain, on les célèbre. Dont acte.

Premier contact avec Excalibur...
Premier contact avec Excalibur...

Quel bonheur que cette fin ! Les deux derniers sont vraiment époustouflants. On voit Arthur évoluer d'un seul coup en chef affirmé, voire antipathique. On le sent bien parfaitement désabusé par la découverte de l'inculture crasse du peuple breton. Après le raffinement romain, il ne se découvre que peu d'atomes crochus avec eux. Mais c'est un peuple qui ne connaît pas la décadence, au contraire il est changeant, on peut en faire quelque chose, tailler ses forces dans les brutes, tailler son diamant dans le brut. Mais si ces Bretons sont promis à un grand avenir, le chemin qu'il leur faudra parcourir est bien plus long que celui de Rome, qui ne semble jamais qu'à deux pas (un tour à la plage et ça y est, on y est). Arthur réalise ainsi que la mission qu'il s'accapare est d'autant plus difficile qu'elle est noble : il va devoir être froid et déterminé, et perdre son innocence dont la profusion parmi les Bretons l'empêche d'abuser lui-même. Un passage à l'âge adulte qui s'entérine à sa première mort à la fin de l'épisode 8, celle de César, celle de son ami Ménilius, celle de ses espoirs avec Aconia... Une trinité maligne qui fait aussi le parallèle avec la fin du livre V en nous montrant finalement ce qui l'a... "inspiré", le propre suicide du César.

Alors oui, j'espérais qu'on verrait Caius monter en Angleterre : tant pis. J'espérais qu'on aurait une autre explication à l'absence de Ménilius dans la série "moderne" : double, triple tant pis. Il fallait bien se douter de son sort, il est juste triste qu'il ne soit plus mentionné par la suite.
Tchéky Karyo est absolument gâté par cet épisode. La sympathie véhiculée par son personnage depuis le premier épisode prend toute son ampleur ici : il n'incarne plus la vieille garde romaine attachante parce que désabusée, il représente tout ce qu'Arthur avait déjà perdu au moment où il commençait seulement à rêver de ces lendemains chantants avec Aconia... Quelle claque ! Totalement inattendu pour moi. Et c'est probablement aussi le respect que lui porte Arthur qui l'empêche d'aller lui voler sa donzelle en Macédoine.

L'épisode 9 est à mettre au niveau d'un Intersections in real time (Babylon 5 saison 4), et autres merveilles télévisuelles uniquement attachées à l'unité de lieu et d'action. 90% de l'épisode se passe dans une petite pièce exiguë, avec un Arthur perpétuellement entre la vie et la mort, et visité par de vieux amis, eux-mêmes vivants ou morts. L'occasion par exemple pour AA de nous rappeler qu'il a bel et bien l'intention de nous donner l'histoire de Mordred, avec une Morgane qui se rend à son chevet pour lui annoncer qu'il couchera avec elle, consciemment ou non.
Et quand il raconte un de ses rêves (à qui d'autre que ce benêt de Perceval !), on se rend compte de la puissance évocatrice du suicide d'Arthur (il a inconsciemment créé son propre Graäl !) et de la maturité du discours religieux... Finalement, Kaamelott, la série progressiste qui raconte le passage de témoin entre les rites païens et le christianisme, nous montre que le symbole royal dudit christianisme reproche à Jésus de faire son beurre, ou son règne, sur la culpabilisation des croyants ! Alors là, comme vous le savez peut-être je suis passionné par Jésus, et franchement ça m'a fait un coup parce que j'avais vu la construction du mythe chrétien sous toutes ses coutures, mais jamais sous cet angle !
Rien que pour ça, cette saison 6 malgré ses défauts (structure parfois trop linéaire, parfois l'inverse, difficulté de l'équilibrage entre le drame et la comédie...), vaut largement la 5 à mes yeux !

« Bientôt, Arthur sera de nouveau un héros »
« Bientôt, Arthur sera de nouveau un héros »

Je terminerai juste en commentant rapidement la fin : en introduction, un Arthur à la barbe de trois kilomètres, penché comme un bossu, boîtant péniblement en haillons dans les rues de Rome... Les grands hommes se doivent de rétablir la dignité des faibles. Ayant touché le fond, notre roi est lui-même à la recherche de sa dignité. Arrivé à la villa Aconia, morte de l'intérieur mais si pleine de souvenirs, il y retrouve le dernier souvenir de son amour. Est-ce que la robe rouge-sang d'Aconia représente pour lui son Rosebud, son "Graäl positif" ? Est-ce que c'est dans ce nouveau Graäl qu'il a trouvé le sang qu'il n'arrivait pas à reconstituer en lui ? Parce que ce sang-là n'est pas tâché par les péchés du monde, et qu'il représente finalement une certaine pureté, celle qu'il a gardée toute sa vie pour Aconia, alors même qu'il savait ne jamais la revoir ?

C'est en tout cas la seule explication plausible pour expliquer qu'alors que la situation s'est empirée comme jamais (sa némésis de la saison 5 est de retour, plus renforcée que jamais), Arthur reprend ainsi goût à la vie. Ou peut-être est-ce simplement parce qu'après avoir été le faible lui-même, le fait d'avoir retrouvé un peu de chaleur lui a rappelé sa mission première ?

Juste un mot sur la musique de cette scène. L'air de rien, c'est la première fois ici qu'une musique de fond n'est pas signée d'Alexandre Astier. Et je n'avais aucun souvenir de cette musique de Jo, auquel son acteur principal est finalement dédiée l'entièreté de la série. Trippante comme on savait le faire à son époque, rappelant les expérimentations du style Morricone en vogue à l'époque (voir Polnareff dans La folie des grandeurs, encore un De Funès, ou Christophe dans Sur la route de Salina). Du coup, on se dit que cette scène est également une référence directe à Kill Bill (Arthur qui s'entraîne à l'épée, la rupture du quatrième mur...) Je comprends mieux le commentaire de Générique(s) à ce sujet dans son interview d'AA !

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Je ne peux pas m'empecher: je viens de lire le début de ton article et en légende de la photo il y a marqué: "Premier contact avec excalibur". C'est vrai et c'est faux. "A 4 ans, on se souvient..."

je continue ma lecture
Posted on 1er November 2009 à 23h11
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On le sent bien parfaitement désabusé par la découverte de l'inculture crasse du peuple breton.
Eh oh, ça va oui!  :P
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Arthur réalise ainsi que la mission qu'il s'accapare est d'autant plus difficile qu'elle est noble : il va devoir être froid et déterminé, et perdre son innocence dont la profusion parmi les Bretons l'empêche d'abuser lui-même. Un passage à l'âge adulte
J'ai eu le même sentiment.
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Une trinité maligne qui fait aussi le parallèle avec la fin du livre V en nous montrant finalement ce qui l'a... "inspiré", le propre suicide du César.
Là par contre, j'avais pas vu ça comme ça!
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Finalement, Kaamelott, la série progressiste qui raconte le passage de témoin entre les rites païens et le christianisme, nous montre que le symbole royal dudit christianisme reproche à Jésus de faire son beurre, ou son règne, sur la culpabilisation des croyants ! Alors là, comme vous le savez peut-être je suis passionné par Jésus, et franchement ça m'a fait un coup parce que j'avais vu la construction du mythe chrétien sous toutes ses coutures, mais jamais sous cet angle !
A ce titre, je me suis lu en parallèle, donc, "Kaamelott au coeur du moyen age tome Un" qui est assez excellent à lire pour mieux comprendre les allers retours entre les VI et XII e siècles de la légende arthurienne, matinés de référence au XXI eme de cette série.

Pour le reste je suis tout à fait de ton avis.

Pour la fin, je dirais pour faire référence à une de mes marottes, Spider-man, que "les gens aiment voir chuter le héros qu'ils ont adoré". Et qu'ils aiment aussi le voir revenir du quatrième sous sol.

Je pense que l'épisode 9 est en cela une transition entre le pessimisme du livre V, l'explication, la genèse (pour reprendre un langage biblique) que constitue le livre VI et les jours meilleurs qui suivront...peut être.

A ce titre, je me suis lu en parallèle, donc, "Kaamelott au coeur du moyen age tome Un" qui est assez excellent à lire pour mieux comprendre les allers retours entre les VI et XII e siècles de la légende arthurienne, matinés de référence au XXI eme de cette série.
<mode frime> Ah oui, le bouquin qu'Alexandre Astier nous avait dédicacé, à Nao et moi, il y a quelques temps.  :P

A propos de bouquin, je surveille fébrilement le net pour dénicher une date de sortie du volume des textes du Livre II mais toujours rien. Il est pourtant annoncé pour ce mois-ci par l'éditeur...





ahhhhhhhh, c'était ce livre là! Je me rappelle bien de ce billet de Gilles, mais pas du livre en tant que tel . Je prèche des convaincus betement, moi...

Je me demandais dans quelle mesure je pouvais utiliser la référence de ce livre dans ma thèse par ailleurs...mais je pense qu'il vaudrait mieux que je me tourne vers les auteurs qu'Eric Le Nabour et Martin Aurell citent.

Offline Nao/Gilles

  • Admin
Chuis traumatisé à vie... :mdr:

Vous voyez la deuxième image de ce post ? Pour moi, le plus beau plan de tout Kaamelott, en parfaite adéquation avec la musique.

Bon, si vous voulez garder un souvenir parfait de ce plan, arrêtez de lire maintenant.
Pour les autres, ben... Regardez en bas à droite de l'image et essayez de deviner ce que c'est que ce bidule qui dépasse sous la plante grimpante. Si vous ne trouvez pas, cherchez sur la vidéo. :^^;:

Non, même avec la vidéo, je ne trouve pas... c'est peut-être le temps de changer de lunettes.

Rien à voir avec l'image, mais la semaine dernière, je prends le TGV à la Part-Dieu, et je file un coup de sac (accidentellement) à un voyageur... je me retourne pour dire pardon, vite fait, et là... ben c'était Bohort (enfin, le gars qui joue Bohort) ! Honnêtement, ça fait bizarre de faire tout un voyage avec Bohort pile dans son champ de vision (il était assis à quelques sièges du mien, en vis-à-vis...

Bon, c'est vrai que tous ces gens sont des lyonnais, donc rien d'étonnant à cela (j'ai un collègue qui n'arrête pas de croiser la "mère d'Arthur" en allant au marché  :mdr:

Je l'ai maté 3-4 fois au boulot et c'est seulement une fois chez moi que je vois ce que c'est.

Truite, tu ne lui a même pas demandé un autographe ?

Non, je suis pas trop du genre groupie moi...
Et puis lui non plus il ne m'en a pas demandé
En tout cas, ça me faisait rigoler de le voir comme ça, surtout qu'il a exactement les mêmes expressions que dans la série, le regard un peu dépressif et tout  :niark:

Pour la vidéo, je ne vois toujours pas !  :mouais:

C'est quoi?

Alors, pour moi c'est
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Offline Nao/Gilles

  • Admin
Non, même avec la vidéo, je ne trouve pas... c'est peut-être le temps de changer de lunettes.
La vidéo peut aider en regardant le reste de l'image... On a le champ qui s'élargit, Arthur au beau milieu, qui tient une robe, il est en intérieur mais superbe effet de style, une légère brise fait onduler la robe, c'est magnifique, on se croirait dans le Seigneur des Anneaux...
Bon ben maintenant regarde à nouveau en bas à droite.

Ca y est, tu as trouvé ? :P

:edit: Ah ben Lionel qui poste en même temps que moi... Laisse Truitoune trouver, eh ! :P Et c'était bien ça, oui.

:edit: Ah ben Lionel qui poste en même temps que moi... Laisse Truitoune trouver, eh ! :P Et c'était bien ça, oui.
Désolé. :rougit:
Et sinon, des "vraies" news pour la suite ?

Aaaaah ok ok ok...
Pas hyper évident tout de même de distinguer l'objet.

Pas hyper évident tout de même de distinguer l'objet.
Mais si, on le voit osciller.
Et puis avec l'aide de Nao, c'est beaucoup plus simple.

Je regardais pas au bon endroit.
Bon faut chercher la petite bête quand même. Ça me fait penser au début de Volt  :mdr: