Tu étais né pour ça. À peine sorti du biberon que tu te voyais déjà président. Toute ta vie, tu l'as consacrée à ne remplir qu'un seul objectif : monter en grade. Jusqu'au grade suprême. De jeune loup vif, nerveux et calculateur, tu es devenu l'ami des media pour mieux les contrôler. D'avocat tu es passé maire, puis ministre. Mais chaque jour qui passait, ton ambition était plus clair claire, plus nette, plus limpide : tu n'étais jamais satisfait de ta situation, tu voulais toujours plus. Tu te voyais avec un grand destin. Non pas celui de rendre la France meilleure, mais celui d'accéder au plus haut poste, avec tout son prestige associé. Te faire un nom et entrer dans l'Histoire, avec un grand H.
Pour ça, tu t'es battu pendant des années. Tu t'es posé en ennemi mortel de Chirac dès le début, pour canaliser vers toi tous les déçus du chiraquisme, trop porté vers le social au goût de ton parti. Ah, ça, on ne pourra pas te le retirer : tu t'es débrouillé comme un chef, donc ta victoire, tu la mérites. Comme Napoléon, tu as probablement appris à ne plus dormir que trois heures par nuit. Au stade où tu en es, tu dois sans doute carburer au Guronsan. Tu as réussi à mettre dans ta poche toutes les classes sociales, des ouvriers au MEDEF. Tu as même pu attirer dans ton camp des électeurs des deux extrêmes. Les jours impairs, tu citais les grandes figures socialistes, et les jours pairs, tu déclamais ton amour pour une France purifiée de son immigration non contrôlée.
Ah, oui, qu'est-ce que tu aimes ça, le contrôle ! Ca a dû vraiment te faire mal au coeur, de lire toutes ces feuilles de chou parlant de tes déboires avec Cécilia. Tu es maître de son destin, il est impossible que tu ne puisses pas tenir sa petite famille... Non, tu as fait fi de tout ça. Tu t'es battu, tu as "changé" (de conseiller pour ton image), tu as sorti ton plus grand sourire de benêt et tu as dit tout et son contraire. Tu as promis n'importe quoi, en y mettant de temps en temps une bonne idée, histoire de faire passer la sauce. C'est sûr, tu as sorti le grand jeu. Le prime time sur TF1, paillettes et gros budget.
Et aujourd'hui, c'est la France Star-Ac' qui a voté. Celle d'Amélie Poulain, celle des petits riens qui font tout le sel de la vie, elle est sortie elle aussi, mais personne ne l'a entendue. Les hauts-parleurs de TF1 étaient les plus forts. Johnny, Doc Gynéco, Steevie, Tapie, Berlusconi, ils ont l'habitude de gueuler dans le poste. "Regardez-moi, regardez-moi ! Enfin... Regardez-le, regardez-nous !"
Les sages, eux, préféraient montrer du doigt la voie à suivre. Mais les singes n'ont regardé que le doigt d'honneur que leur tendait l'UMP. Il n'y a que ça qui leur parle. Plus c'est gros, mieux ça passe. Ça, tu l'as bien compris. Tu l'as admirablement utilisé. Et aujourd'hui, ces vingt ans de galère, ces vingt ans d'ambition, ces vingt ans à fleur de peau, ces vingt ans à subir les moqueries des Guignols et autres marionnettes du PS, tu les as oubliés : aujourd'hui, tu as atteint ton rêve.
Tu l'as enfin eu, ce cadeau à côté duquel même la collection complète des Transformers passe pour une ringarderie de petit banlieusard fauché : la France.
Alors maintenant que t'as pu y toucher, tu reposes ton jouet, et tu vas te chercher un autre passe-temps. Parce que ça va bien cinq minutes, hein, on t'aime bien et tout ça, mais on n'a pas que ça à faire, nous, ici. Y'a des gens qui aimeraient travailler tranquille, sans avoir un gosse qui traîne dans leurs pattes à trimballer son Kärcher et hurler à qui veut l'entendre qu'il est le shérif et qu'on est les Indiens.
Ensemble, tout est possible, oui. Mais sans toi.
Pour ça, tu t'es battu pendant des années. Tu t'es posé en ennemi mortel de Chirac dès le début, pour canaliser vers toi tous les déçus du chiraquisme, trop porté vers le social au goût de ton parti. Ah, ça, on ne pourra pas te le retirer : tu t'es débrouillé comme un chef, donc ta victoire, tu la mérites. Comme Napoléon, tu as probablement appris à ne plus dormir que trois heures par nuit. Au stade où tu en es, tu dois sans doute carburer au Guronsan. Tu as réussi à mettre dans ta poche toutes les classes sociales, des ouvriers au MEDEF. Tu as même pu attirer dans ton camp des électeurs des deux extrêmes. Les jours impairs, tu citais les grandes figures socialistes, et les jours pairs, tu déclamais ton amour pour une France purifiée de son immigration non contrôlée.
Ah, oui, qu'est-ce que tu aimes ça, le contrôle ! Ca a dû vraiment te faire mal au coeur, de lire toutes ces feuilles de chou parlant de tes déboires avec Cécilia. Tu es maître de son destin, il est impossible que tu ne puisses pas tenir sa petite famille... Non, tu as fait fi de tout ça. Tu t'es battu, tu as "changé" (de conseiller pour ton image), tu as sorti ton plus grand sourire de benêt et tu as dit tout et son contraire. Tu as promis n'importe quoi, en y mettant de temps en temps une bonne idée, histoire de faire passer la sauce. C'est sûr, tu as sorti le grand jeu. Le prime time sur TF1, paillettes et gros budget.
Et aujourd'hui, c'est la France Star-Ac' qui a voté. Celle d'Amélie Poulain, celle des petits riens qui font tout le sel de la vie, elle est sortie elle aussi, mais personne ne l'a entendue. Les hauts-parleurs de TF1 étaient les plus forts. Johnny, Doc Gynéco, Steevie, Tapie, Berlusconi, ils ont l'habitude de gueuler dans le poste. "Regardez-moi, regardez-moi ! Enfin... Regardez-le, regardez-nous !"
Les sages, eux, préféraient montrer du doigt la voie à suivre. Mais les singes n'ont regardé que le doigt d'honneur que leur tendait l'UMP. Il n'y a que ça qui leur parle. Plus c'est gros, mieux ça passe. Ça, tu l'as bien compris. Tu l'as admirablement utilisé. Et aujourd'hui, ces vingt ans de galère, ces vingt ans d'ambition, ces vingt ans à fleur de peau, ces vingt ans à subir les moqueries des Guignols et autres marionnettes du PS, tu les as oubliés : aujourd'hui, tu as atteint ton rêve.
Tu l'as enfin eu, ce cadeau à côté duquel même la collection complète des Transformers passe pour une ringarderie de petit banlieusard fauché : la France.
Alors maintenant que t'as pu y toucher, tu reposes ton jouet, et tu vas te chercher un autre passe-temps. Parce que ça va bien cinq minutes, hein, on t'aime bien et tout ça, mais on n'a pas que ça à faire, nous, ici. Y'a des gens qui aimeraient travailler tranquille, sans avoir un gosse qui traîne dans leurs pattes à trimballer son Kärcher et hurler à qui veut l'entendre qu'il est le shérif et qu'on est les Indiens.
Ensemble, tout est possible, oui. Mais sans toi.