Voici ce qui inaugurera une, je l'espère, longue liste de critiques rapides de films dénichés par-ci par-là et qui méritent un coup de pouce. Je n'ai pas d'ambitions particulières en publiant ces critiques, c'est à titre purement gratuit et amical.
Vu hier soir donc, "Le limier", alias "Sleuth" en VO, un film de 1972 par le réalisateur de Cléopâtre (qui n'a pas vraiment fait de miracles ici, à part si vous êtes un fan des zooms à la Bioman). Tirée d'une pièce de théâtre à succès, cette oeuvre intelligente met en scène deux monstres sacrés (comme on dit paraît-il) du cinéma : Sir Laurence Olivier (grand acteur de l'après-guerre, qui a le prestige de Michel Bouquet et d'ailleurs un air de famille), et la relève de l'époque, le futur Sir Michael Caine. Le premier est un Lord anglais vivant dans un manoir somptueux (avis à tous les fans d'Agatha Christie : les manoirs anglais, c'est quand même la grande classe), et qui a fait fortune en écrivant des... romans policiers, un peu à la manière de Christie justement. Un jour, comme ça, il lui prend d'inviter chez lui le jeune amant de sa femme, Milo, un coiffeur au sang italien joué par Caine donc, et qui accepte l'invitation sans se douter de la bizarrerie dans laquelle il va tomber... Et nous non plus, d'ailleurs.
Le problème avec ce genre de scénario, c'est qu'une fois qu'on a terminé le film, il est impossible d'en parler, et de décrire les délectations ressenties devant les méandres de l'histoire, sans vous gâcher à l'avance le plaisir. Je me contenterai donc de dire qu'il y a plusieurs rebondissements, que l'un d'eux est malheureusement un peu affaibli par un problème technique (disons qu'il y a un artifice qui fonctionne pendant peut-être trente secondes, mais pas plus, ce qui n'est déjà pas mal croyez-moi), et que si la fin est un poil décevante, elle n'entame en rien le capital sympathie de cette farce intellectuelle aux dialogues finement ciselés et qui oppose finalement d'une façon très crédible deux esprits diablement logiques. Ou comment deux personnes opposées (un riche vieillard présomptueux et méprisant face à un jeune homme naif mais fier) peuvent mettre toutes leurs forces dans un duel mental dont on ne finit plus par savoir si le but est de donner une leçon à l'autre ou de s'en infliger une à soi-même.
Une dizaine d'années plus tard, Michael Caine remettra le couvert avec Death Trap (Piège Mortel) de Sidney Lumet, une autre adaptation théâtrale avec un personnage supplémentaire (l'épouse) mais des thèmes similaires. Caine, avec quelques années de plus dans le bide, y devient le mentor et Christopher Reeve (dans un de ses meilleurs rôles) l'élève. Le second a écrit une pièce de théâtre qu'il veut faire lire au premier, qui n'a plus eu de succès depuis des années et décide avec son épouse de l'inviter à dîner pour l'assassiner et lui voler son manuscrit... Un autre chef-d'oeuvre du genre, également bourré de rebondissements délectables.
Enfin, pour l'anecdote, Sleuth va avoir droit à une seconde adaptation, dirigée par Kenneth Brannagh, avec... Michael Caine dans le rôle de l'écrivain. Une passation de pouvoir entre les grands acteurs de leur génération ? Jude Law, pour preuve, y sera le jeune Italien. Etrangement, ce ne sera pas la première fois que Jude Law reprendra le rôle de Caine dans un remake, mais ce n'est peut-être pas pour rien : Caine a en effet un petit air de famille avec Law dans ce film en particulier... Une bonne idée casting. Reste à voir si Brannagh saura contourner l'écueil de "l'artifice" mentionné plus haut !
Vu hier soir donc, "Le limier", alias "Sleuth" en VO, un film de 1972 par le réalisateur de Cléopâtre (qui n'a pas vraiment fait de miracles ici, à part si vous êtes un fan des zooms à la Bioman). Tirée d'une pièce de théâtre à succès, cette oeuvre intelligente met en scène deux monstres sacrés (comme on dit paraît-il) du cinéma : Sir Laurence Olivier (grand acteur de l'après-guerre, qui a le prestige de Michel Bouquet et d'ailleurs un air de famille), et la relève de l'époque, le futur Sir Michael Caine. Le premier est un Lord anglais vivant dans un manoir somptueux (avis à tous les fans d'Agatha Christie : les manoirs anglais, c'est quand même la grande classe), et qui a fait fortune en écrivant des... romans policiers, un peu à la manière de Christie justement. Un jour, comme ça, il lui prend d'inviter chez lui le jeune amant de sa femme, Milo, un coiffeur au sang italien joué par Caine donc, et qui accepte l'invitation sans se douter de la bizarrerie dans laquelle il va tomber... Et nous non plus, d'ailleurs.
Le problème avec ce genre de scénario, c'est qu'une fois qu'on a terminé le film, il est impossible d'en parler, et de décrire les délectations ressenties devant les méandres de l'histoire, sans vous gâcher à l'avance le plaisir. Je me contenterai donc de dire qu'il y a plusieurs rebondissements, que l'un d'eux est malheureusement un peu affaibli par un problème technique (disons qu'il y a un artifice qui fonctionne pendant peut-être trente secondes, mais pas plus, ce qui n'est déjà pas mal croyez-moi), et que si la fin est un poil décevante, elle n'entame en rien le capital sympathie de cette farce intellectuelle aux dialogues finement ciselés et qui oppose finalement d'une façon très crédible deux esprits diablement logiques. Ou comment deux personnes opposées (un riche vieillard présomptueux et méprisant face à un jeune homme naif mais fier) peuvent mettre toutes leurs forces dans un duel mental dont on ne finit plus par savoir si le but est de donner une leçon à l'autre ou de s'en infliger une à soi-même.
Une dizaine d'années plus tard, Michael Caine remettra le couvert avec Death Trap (Piège Mortel) de Sidney Lumet, une autre adaptation théâtrale avec un personnage supplémentaire (l'épouse) mais des thèmes similaires. Caine, avec quelques années de plus dans le bide, y devient le mentor et Christopher Reeve (dans un de ses meilleurs rôles) l'élève. Le second a écrit une pièce de théâtre qu'il veut faire lire au premier, qui n'a plus eu de succès depuis des années et décide avec son épouse de l'inviter à dîner pour l'assassiner et lui voler son manuscrit... Un autre chef-d'oeuvre du genre, également bourré de rebondissements délectables.
Enfin, pour l'anecdote, Sleuth va avoir droit à une seconde adaptation, dirigée par Kenneth Brannagh, avec... Michael Caine dans le rôle de l'écrivain. Une passation de pouvoir entre les grands acteurs de leur génération ? Jude Law, pour preuve, y sera le jeune Italien. Etrangement, ce ne sera pas la première fois que Jude Law reprendra le rôle de Caine dans un remake, mais ce n'est peut-être pas pour rien : Caine a en effet un petit air de famille avec Law dans ce film en particulier... Une bonne idée casting. Reste à voir si Brannagh saura contourner l'écueil de "l'artifice" mentionné plus haut !