Bravo Titi! Et c'est si vrai! :^^;:
Bref, la censure, autant que je sache, interdit la representation realiste des organes sexuels (ils peuvent etre suggeres ou serieusement mosiaques). Jusqu'en 1991, les poils pubiens etaient proscrits, et c'est la diffusion d'une serie de photographies de Miyazawa Rie, intitulee Santa Fe qui fut a l'origine d'un changement d'attitude des pouvoirs publics. On y voyait des poils pubiens, or le but n'en etait pas l'excitation du spectateur, mais une certaine idee de l'art (je ne connais qu'une ou deux photos dudit recueil, et c'est joliment presente en effet ; cf. une femme nue derriere un portail en bois ouvrage, avec des arbres projetant une ombre propice).
La definition de la loi sur l'obscenite n'avait JAMAIS proscrit lesdits poils. Elle interdisait ce qui pouvait produire un sentiment de honte sur un citoyen japonais "normal" lorsqu'il est mis en presence, et en public, d'un texte ou d'une image visant a provoquer une excitation sexuelle. Ce qui est sujet a moult interpretations, en effet.
Selon Anne Allison, les effets secondaires de cette interpretation sont multiples. Fetichisation de zones du corps autre que le pubis (poitrine notamment), infantilisation des femmes (une ado prepubere nue evite l'ecueil des poils pubiens), accent mis sur les pratiques SM en ce sens qu'elles ne correspondent pas directement a un acte sexuel. Les organes sexuels sont effaces au profit d'autres choses, ou bien tranposes a travers des objets (battes de base-ball, tentacules...), creant une sexualite "acceptable" (?!) par les autorites japonaises.
Ceci dit, je n'adhere que partiellement a une telle analyse, parce que : la pornographie violente et les references au SM ne datent pas de la periode recente ; l'inclination tres severe pour les actes sexuels impliquant des enfants remonte a treeeees loin dans l'histoire du Japon. Les plus grands shougun n'hesitaient pas a tourner les pages. (oh le jeu de mot pourri!!!) :^^;:
Je suis convaincu que l'Etat a aide a la formation d'une industrie du sexe et de la pornographie. Aussi le recours aux normes internationales est trop opportuniste pour etre honnete. Par exemple, le Japon etait le paradis de la pedopornographie avant un "grand coup" vers la fin des annees 90, juste avant la conference de Yokohama. Celle-ci a pose des normes strictes au niveau international en matiere de lutte contre la prostitution enfantine et la pornographie impliquant des enfants... Mais il faut que ce soit des images reelles! -_- Des mangas montrant des mineur(e)s subissant les pires sevices ne tombent pas sous le coup de la loi, puisqu'ils ne montrent pas de vrais enfants! :ouhla: On s'est meme interroge a la Diete de savoir si des photos de rapports zoophiles avec des enfants etaient illegaux, parce qu'un rapport sexuel, selon la loi japonaise, implique procreation et ne peut donc exister qu'entre un homme et une femme (nos amis homosexuels remarqueront qu'ils n'ont aucune existence juridique au Japon), voire "met en relation" deux etres humains (rapports "imitant le coit", qui tombent sous le coup de la loi dans le cadre d'actes pedophiles, et seulement dans ce cas la). Il y a un schisme entre la representation et la realite des actes. Tout ou presque est representable, a l'exception des organes sexuels. C'est une interpretation qui est sujette a caution, et qui peu evoluer en fonction de ce que diront les tribunaux (je risque de devoir me farcir des annuaires juridiques une fois au Japon. Miaaaaam!).
Et pour Kgeg, comparons maintenant la censure avec la France. A titre d'exemple, a zoophilie, sauf erreur de ma part, est interdite (et pourtant, Brigitte Bardot n'est pas montee au creneau!) :mdr: alors qu'au Japon, rien ne vient barrer de tels debordements. (Nota : je ne retrouve rien dans ma doc pour le prouver de suite, c'est un souvenir, donc sujet a caution).
Ensuite, le classement X se fait a partir d'un critere tout bete : la realite d'un acte sexuel. Des scenes hot non simulees entrainent le label pornographique. Si on ne fait que semblant, ouf!, on esquive ce marquage. La question de l'outrage est un peu plus delicate, et fera l'objet de developpements ulterieurs si cela vous interesse. Mais en gros, tant que les mineurs n'y ont pas acces et qu'il n'y pas d'actes avec mineurs ou d'atteintes graves a la dignite humaine (la zoophilie doit tomber sous le coup de cet element, je pense), c'est bon. Le juge judiciaire a une marge d'interpretation notable dans l'avis qu'il emet a l'encontre d'une oeuvre. Ou s'arrete l'artistique et ou commence l'obscenite/la corruption des moeurs? Ainsi que le note Christophe Bigot, la conception francaise est construite autour de la notion d'obscenite, qui est eminnement subjective. Et qu'il est difficile de suivre, d'autant que l'oeuvre porno est protegee au meme titre que toute autre oeuvre de l'esprit par les droits d'auteur! Pirouette juridique O combien audacieuse! :rolleyes:
NDT : Heureusement que ma these porte sur des themes differents, sinon plus personne ne voudra l'acheter quand elle sera publiee! :^^;: (mais encore faut-il que je l'ecrive avant!)
Posted on 26 Mars 2006 à 22:12
A propos des tabous, je pense qu'ils se situeront an amont, dans la vraie vie en fait. Les effusions amoureuses dans la rue sont du plus mauvais gout, quand la lecture de magazines salaces ou de mangas hautement pornos est parfaitement (dans le train, j'ai vu une fois une jeune fille propre sur elle lisait des choses qui glaceraient le sang a plus d'un gros macho). Le paradoxe du Japon : l'empire du fantasme, et la censure la plus terre-a-terre... :-/
Posted on 26 Mars 2006 à 22:38
Alors, apres avoir lu un article aux conclusions discutables mais aux perspectives interessantes, je rajouterai que les gouts en Europe par exemple se manifestent par un tropisme pour le realisme, contrairement au Japon ou l'on cherche/cherchait a s'evader dans l'imaginaire, l'imprevu, le grotesque (Allison pose l'exemple des mangas bizarres lus dans les trains, espaces ou sont toleres l'evasion : on y est entre boulot et maison, entre role de salarie et role de mari). Cela expliquerait les fetichismes sur papier. Mais quid des choses etranges en video/jeux videos? :mouais: